Un musée de type nouveau a vu le jour en 2009 à l'université de Balamand, au sein d'une vieille bergerie pittoresque en pierre de taille. Il dévoile aux visiteurs les facettes multiples de la vie quotidienne au Liban, telle que l'ont connue nos grands et arrières grands-parents avant l'avènement des nouvelles technologies. Ces objets, devenus obsolètes pour la plupart, n'en constituent pas moins une partie de notre patrimoine culturel. Menacés de disparition, ils sont ici préservés et mis en valeur. La collection, qui provient principalement de villages du Koura, présente ainsi les anciens outils agricoles du monde rural et les ustensiles et mobilier des maisons, tant villageoises qu'urbaines.
Du temps des bœufs : les outils des champs
Un espace privilégié est réservé aux outils agricoles utilisés par les agriculteurs libanais avant la mécanisation de l'agriculture. On y découvre l'un des outils les plus anciens, l'araire ou mihrath, muni d'un soc en bois et en acier ou sekké, qui, tracté par un animal, sert à labourer la terre en y creusant un sillon. Pour la moisson du blé, c'est de la faucille ou manjal que l'on se servait. Sa lame métallique était parfois ornée de beaux dessins. Il fallait ensuite dépiquer les céréales, c'est-à-dire séparer la graine de l'épi. Pour cela, on faisait traîner par un ou deux animaux un panneau rectangulaire en bois, le tribulum ou nawraj, sur les gerbes de céréales étendues sur l'aire à battre. Cette sorte de traîneau qui amusait les enfants lorsqu'on leur permettait de s'y installer pour l'alourdir et en augmenter la pression, était hérissé d'éclats de silex qui déchiraient la paille. La fourche ou midrâyat servait ensuite pour la dernière opération, le vannage, qui consistait à séparer le blé de la paille. Les épis étaient lancés en l'air: la paille, légère, était emportée par le vent et le blé, plus lourd, retombait à terre.
Le mobilier traditionnel de la maison
On franchit ensuite le seuil de la maison pour y découvrir le cadre domestique évoqué par les rares meubles qui occupaient l'espace. On remarque en particulier le coffre en bois ou sandûq qui constituait le trousseau de la mariée et dans lequel elle disposait ses vêtements et ses affaires personnelles. Les plus remarquables, incrustés de nacre, étaient fabriqués au Liban et à Damas. Lits, tables, bancs et tabourets font aussi partie du décor de la maison.
Parmi les outils employés par les ménagères, on trouve des balais composés de fougère épineuse ou ballân, des fers à repasser ou mikwâyet, apparus au Liban en 1930, et disponibles selon deux modèles: celui formé d'une semelle munie d'une poignée que l'on posait sur le poêle et qu'on employait une fois chaud, et celui, plus évolué, comportant un réservoir pour les braises. Pour s'éclairer, on disposait de lanternes, misbâh, et de lampes-tempête à kérosène, kandîl kâz, qui avaient remplacé dès le XIXe siècle les bougies et les lampes à huile.
Derrière les fourneaux
La visite se poursuit dans la cuisine où une pléthore d'instruments sont exposés. On y trouve ainsi toutes sortes de récipients de transport et de stockage des aliments. Ces derniers étaient essentiels pour la conservation des aliments, la mouné (provisions) était alors un must du temps où le frigo n'existait pas encore. Parmi ces contenants, figurent les jarres à deux anses, les paniers, les dames-jeanne importées d'Europe pour l'arak et l'huile d'olive et habillées de paille pour protéger les liquides des coups et de la lumière, d'où leur nom arabe, muqashat (de qash: paille), les gamelles ou matbaqiyyat, ces récipients en fer ou cuivre formés de trois compartiments superposés qui servaient de Tupperware, des silos ou kwara pour stocker graines et légumineuses, des seaux à lait ou staylat pour conserver les liquides et en particulier la labneh, et des garde-manger dotés d'un grillage en fer très fin où l'on conservait les aliments, à l'abri des petites bêtes comme les fourmis d'où leur vocable arabe, namliyyeh.
Pour les préparations culinaires, les cuisinières libanaises disposaient de toute une batterie d'ustensiles: des chaudrons ou desset, qui étaient de grosses marmites munies de deux anses généralement utilisées en extérieur, des cuvettes en cuivre ou lakan pour la cuisson des confitures ou des concentrés de tomates, pour le lavage et le nettoyage des grains ou pour le pétrissage de la pâte, des jarres de toutes tailles dont certaines pour le beurre et le fromage, des grilloirs à café, pilons, mortiers, moules, passoires, rouleaux à pâtisserie, poêles, spatules, moulins à bras, moulins à café, plateaux ou sainiyé dont certains en jonc ou en paille de blé pour faire sécher les aliments au soleil, des réchauds de pétrole ou babur, en cuivre ou en laiton qui ne tardèrent pas à être détrônés par l'arrivée du gaz dans les années 50.
Quant à la vaisselle, elle comprenait des assiettes, bols, gargoulettes, cuillers et louches en cuivre pour remuer et servir les préparations.
À noter aussi les balances manuelles, mizân, disponibles en plusieurs tailles et utilisées dans les souks et par les vendeurs ambulants, et les balances mécaniques, dites Roberval, que l'on trouve toujours chez l'épicier du quartier.
L'artisanat du textile
L'une des anciennes activités artisanales majeures du Liban est également mise à l'honneur: la fabrication de textile. Vous pouvez observer de près les outils en bois nécessaires à la confection de beaux tissus comme le dévidoir ou porte-écheveaux, le rouet à manivelle qui permettait de filer la laine ou la soie ainsi qu'un magnifique métier à tisser.
Contact : réservez votre visite à l'avance en appelant le 06-930250 ext. 1462.