De nombreux journalistes libanais ont été assassinés parce qu'ils ont voulu briser le silence et faire la lumière sur des vérités que l'on veut cacher. Ces crimes sont restés impunis et les coupables courent toujours. Seul Jamal Pacha, gouverneur militaire ottoman, a été identifié comme responsable de la pendaison, le 6 mai 1916, il y a cent ans, de 33 intellectuels dont dix journalistes qui avaient osé crier fort leur refus de l'occupation ottomane.
Liberté d'expression et respect
Or la liberté d'expression est un droit fondamental qui permet à chacun d'exprimer librement ses idées par tous les moyens qu'il juge appropriés: livre, film, caricature, photo, sans crainte de représailles. Ce droit implique donc la liberté de la presse, la liberté de la communication audiovisuelle, la liberté d'expression sur le réseau Internet par la création de sites ou de blogs, en déposant des contenus via des plateformes, des blogs, en s'inscrivant sur les réseaux sociaux. Ce droit est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. Il concerne tous les pays. «Tout individu a droit à la liberté d'expression... sans considérations de frontières.»
Aux États-Unis, ce droit a été accordé bien avant. L'amendement apporté en 1789 à la Constitution américaine de 1776, garantissait la liberté d'expression et de la presse. En France, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 stipulait déjà: «La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme: tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.» (Article 11).
Ainsi, la liberté d'expression implique également le respect de la dignité de chacun. Tous propos diffamatoires, racistes, incitant à la haine raciale ou communautaire, toutes injures sont punis par la loi qui protège le droit des autres (respect à la vie privée, droit à l'image, droits d'auteurs...). Comme dans la presse, sur Internet aussi toute personne à qui on a porté atteinte dans un blog ou sur un site, peut demander la suppression ou la correction du message à l'éditeur de service. Elle peut demander aussi un droit de réponse qui sera posté sur le forum ou le blog à l'origine du message contesté.
Sans liberté d'expression, pas de démocratie
Si la liberté de presse n'existe pas dans un pays c'est qu'il n'y a pas de liberté d'expression. Il n'y a pas d'élection puisque le peuple ne peut pas s'exprimer. Les votes sont truqués. L'armée et la police surveillent tout le monde. Les gens ne peuvent pas se réunir en partis politiques. Il n'y a donc pas de démocratie. C'est le cas de nombreux pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud où les gouvernements veillent à ce que les journalistes ne propagent pas des idées différentes de celles des autorités. Dans ces pays où les régimes sont autoritaires, la presse devient un outil de propagande pour que le gouvernement en place puisse contrôler les esprits. La presse est censurée. La vie des journalistes ou de toute personne qui contestent la politique des dirigeants est en danger. Ils sont menacés, mis en prison ou même tués.
La presse libre est donc nécessaire pour sauvegarder la démocratie. Elle donne aux habitants des informations sur les événements qui se passent chez eux et dans le monde. Ils peuvent alors réfléchir seuls et forger leurs propres opinions. La presse libre éclaire le citoyen. Elle suscite les débats et pousse le peuple à agir.
Le monument des Martyrs, symbole de lutte pour la liberté
La statue des Martyrs est l'œuvre du sculpteur italien Marino Mazacurati. Exécutée en 1957, elle n'a été érigée à la place des Martyrs qu'en 1960, sous le mandat du président Fouad Chéhab. Très endommagé durant la guerre civile libanaise, ce monument a été restauré par le sculpteur Issam Khairallah. Il a retrouvé sa place au cœur du centre-ville de Beyrouth, en 2004.
Les quatre individus de la statue de bronze représentent une femme et trois hommes. La femme, qui symbolise la liberté, montre le chemin à un homme debout. Les deux autres personnages, étendus par terre à leurs pieds, souffrent de blessures. Ces quatre éléments représentent les hommes pendus sur la place publique le 6 mai 1916, pour avoir résisté à l'occupation ottomane.
Des journalistes libanais martyrs
L'assassinat de journalistes libanais se poursuit jusqu'à nos jours. Le dernier en date est Gébran Tuéni, directeur du quotidien an-Nahar, le 12 décembre 2005. Samir Kassir, journaliste, a subi le même sort le 2 juin 2005. Bien avant eux, il y a eu Nassib Metni, propriétaire du journal Le télégraphe, assassiné en mai 1958, puis Fouad Haddad (journaliste à el-Amal) en septembre de la même année. Kamel Mroueh, propriétaire du journal el-Hayat, est assassiné en mai 1966. Edouard Saab, (rédacteur en chef de L'Orient-Le Jour) est victime, en mai 1976, d'un franc-tireur posté au passage du musée. En mars 1980, le propriétaire du magazine el-Hawadess, Selim Laouzi, est enlevé et assassiné. En juillet 1980, le président de l'Ordre de la presse, Riad Taha, est tué et le 29 août, le journaliste du quotidien al-Liwa', Yehia Hazouri, aussi. Entre 1985 et 1987, quatre journalistes ont trouvé la mort: Samir Assem el-Cheikh, Souheil Tawilé, Hassan Fakhr et Hussein Hamdan.