Michel Aoun, nouveau président de la République

Médéa Toubia | 18/11/2016

Liban Politique

Elections

Près de 900 jours après la fin du mandat présidentiel de Michel Sleiman en mai 2014, le général Michel Aoun est élu chef de l'État, le 31 octobre 2016.

Normalement, les députés auraient dû élire un président de la république, 3 mois avant le départ de Michel Sleiman. Mais à chaque fois que le Parlement s'est réuni, soit 45 fois jusqu'au 31 octobre, pour procéder à l'élection d'un chef de l'État, il y avait défaut de quorum. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas un nombre de députés suffisant pour procéder à l'élection requise. Pourquoi? En raison des profondes divergences qui opposaient les adversaires politiques, donnant prétexte à certains députés pour boycotter les séances parlementaires. Et ceci pendant deux ans et demi.

Pour relever les défis...
En cette année, les difficultés qui s'imposent au Liban et à sa population sont lourdes. Les crises s'accumulent. Elles sont économiques et sécuritaires, avec notamment d'un million et demi de réfugiés syriens. Le malaise social est profond et les poubelles qui s'amoncellent dans les rues augmentent le désarroi des citoyens. Les services publics semblent paralysés et la situation politique, bloquée. Les conflits régionaux menacent la stabilité du Liban. Que faire?

...Il faut trouver des compromis
«Les Libanais n'ont d'autre choix que de se réconcilier et de s'unir pour empêcher le pays de sombrer», martèlent les diplomates étrangers. Dès janvier 2016, des négociations s'amorcent entre les adversaires de la veille. De nouvelles alliances se forment. Saad Hariri et Michel Aoun se rallient. La majorité des députés, de différentes tendances politiques, s'accordent alors pour élire le général Aoun à la tête de l'État. Il obtient 83 voix sur 128. Il est élu pour six ans. Quelques jours plus tard, Saad Hariri est désigné Premier ministre.

Le président de l'union nationale
Depuis son accès à la présidence, le chef de l'État tient un discours rassembleur. Il promet d'appliquer la loi dans le respect de la Constitution, de tenir le Liban à l'écart des conflits régionaux, d'œuvrer pour un partenariat national, de confier à des femmes et des hommes jeunes et compétents un rôle important dans la vie publique, pour garantir la stabilité et le développement du Liban.

Ses prérogatives
En 1989, les accords de Taëf viennent mettre un terme à la guerre civile du Liban, garantir la souveraineté de l'État libanais sur tout le territoire, dissoudre les milices et maintenir un rôle à la Syrie au Liban. Les pouvoirs du président de la République, sont réduits au profit du Premier ministre (Conseil des ministres) et du parlement.

Les jeunes s'adressent au président
• «Au président Aoun. Pour faire des progrès au Liban, il faut en premier faire du recyclage d'ordures. Interdire la drogue aux gens et interdire la vitesse en voiture et en moto» (K., 11 ans).
• «Cher président, j'aimerais que vous obligiez le peuple à bien trier ses ordures, que vous imposiez une loi pour que celui qui jette quelque chose par terre soit sanctionné et que vous obligiez les supermarchés à utiliser des sacs réutilisables» (J., 12 ans).
• «Avoir un centre de nature. Avoir un musée de Lego. Les stars de Disneyland viendraient au Liban. Avoir une loi concernant les déchets» (Giorgio Ghalbouni,10 ans, 7e, Champville).
• «Je veux moins de mendiants dans les rues» (Étienne, 13 ans).
• «Soyez un bon politicien. Assurez la paix dans le pays. Ouvrez les horizons aux jeunes. Arrêtez la corruption» (Marc, 14 ans, 3e, IC).
• «Vous avez dit "La corruption va être éradiquée, et nous allons créer un environnement propre, quel que soit le prix à payer". C'est la première fois que j'entends cela de la bouche d'un politicien!» (Jad, 14 ans).
• «Faire dans Beyrouth un "Central Park" comme à New York où tous les gens auront le droit d'aller se reposer de lire, faire du vélo. Agrandir le port pour donner accès aux bateaux de croisière » (Élodie Ghalbouni, 12 ans et demi, Champville).
• «Je veux que le problème des déchets soit réglé» (Nour, 15 ans).
• «Cher président. J'entends toujours parler des 8 et des 14 Mars. Ils se disputent continuellement. 8 + 14 ça fait 22. Et le 22 novembre, c'est le jour de l'Indépendance du Liban. S'il vous plait, gardez le 22 et jetez le 8 et le 14 aux oubliettes» (Monique, 14 ans).
• «On n'est pas trop jeune pour participer à la vie politique. Délégué de classe, c'est comme être député» (Aref, 10 ans).
• «Dans six ans, à la fin de votre mandat, j'aurai 21 ans. Je souhaite que le Liban soit prospère et que l'on y trouve du travail pour tous» (Ibtissam, 15 ans).
• «En politique, pourquoi faut-il que ce soit toujours les mêmes qui reviennent? Allez-vous donner leur chance à d'autres? Les jeunes sont invisibles et pourtant très bien informés sur Internet» (Louis, 16 ans).
• «Mes parents disent toujours que les politiciens sont corrompus. Moi, la politique me passionne. Qu'allez-vous faire pour changer les mentalités?» (Amanda,13 ans).
• «Monsieur le président. Je vous rappelle la catastrophe qui touche le Liban. Plus d'un million de tonnes de déchets est généré par an, pour ensuite se retrouver dans les rues libanaises. Il faudrait agir au plus vite. C'est de l'avenir de notre pays que nous parlons». (Loren Gérard,13 ans).
• «Cher président, que tous les malades rentrent à l'hôpital sans problème d'argent, comme avec ma grand-mère» (Michael, 11 ans).
• «Peux-tu nous faire des jardins publics pour jouer comme au Canada et des librairies pour aller lire sans dépenser d'argent?» (Maria, 9 ans).
• «Au président je demanderai un Liban vert, non pollué, développé et civilisé. Prière d'appliquer la loi à tous les niveaux. Ne nous décevez pas. Vous êtes notre dernier espoir» (Maria Thérésa, 12 ans).
• «Mon souhait est de vivre dans la paix. Pas d'explosions qui tuent des gens dans les rues. Je veux une patrie dont je sois fière. Comme les Français.» (L., 10 ans).

 

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