17/12/2023
Localisé sur le 2e couloir migratoire le plus passant du monde, le Liban bénéficie, de fin août à début décembre, du passage de millions d'oiseaux qui transitent en direction des pays chauds, pour un retour vers l'Europe de mars à début mai.
Soit 7 mois d'étonnants spectacles d'oiseaux que l'on ne croise d'ordinaire ni dans nos sous-bois ni dans nos jardins. Une aubaine dont profitent avidement randonneurs et photographes. Mais aussi les chasseurs sans éthique.
De Turquie et d'Europe de l'Est
C'est une traversée d'au moins 6000 km, juste pour l'aller. Sans compter les distances que l'avifaune migratrice s'ajoute: comme les parapentes et deltaplanes, pour se faciliter la tâche, les oiseaux s'élèvent verticalement, en spirale, au gré des courants chauds ascendants. Et ce n'est qu'après avoir atteint une certaine altitude qu'ils s'abandonnent horizontalement, sans grand effort, à leur route.
Chétifs oiseaux ou imposants rapaces
Quel que soit leur gabarit (13 cm pour le tarier-pâtre ou 60 à 100 cm pour l'aigle), ils attendent que l'air se réchauffe pour décoller. Ce n'est donc pas avant 10 h du matin qu'ont lieu les départs massifs de faucons et d'aigles (parfois même d'aigles blancs), de milans noirs en vol libre, de pélicans aussi, et même de grues cendrées, cigognes et hérons qui, eux, volent unis en V, ondulant gracieusement entre les premiers nuages.
Choisis ton shoot
Lors d'une journée-observation, il nous a été permis d'admirer une chorégraphie aérienne stupéfiante, depuis les sommets d'Ehden (1600m d'altitude), grâce au docteur Antoine Faïssal, chirurgien, mais aussi photographe passionné des oiseaux en vol, qu'il ne capture justement qu'en image.
En chemin, 15 paires d'yeux écarquillés (dont celle d'Antoine) croisent un chasseur, fusil en bandoulière, qui rétorque, ironique: «On ne sait jamais, si je croise un ours.» À défaut d'ours, c'est le roi des oiseaux qu'il tire, quoique l'aigle noir, comme tout gros oiseau migrateur, soit espèce protégée.
La chasse : règles, mais aussi alternatives
Antoine Faïssal nous rappelle que l'objectif de ses conférences sur la chasse n'est pas de la proscrire au Liban mais d'en définir les règles pour sensibiliser les jeunes chasseurs à la chasse durable et responsable, et leur proposer des alternatives dynamiques et gratifiantes, comme l'observation des oiseaux et la photographie.
• Un chasseur doit connaître les espèces qu'il est en droit de chasser, ainsi que le nombre permis par espèce et par sortie.
• Il ne chasse jamais la nuit.
• Il respecte les zones de chasse (hors des lieux résidentiels) et la sécurité de tous.
• Il ne pollue pas les sites avec ses cartouches.
• Il recueille ses proies pour ne pas les laisser pourrir sur le sol.
Le saviez-vous ?
Chaque année, 2,6 millions d'oiseaux protégés sont tués illégalement au Liban.
