Filles/garçons Quelles différences dans le cerveau?

Faten Baz-Kerbage | 24/03/2017

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Sciences

Même si les scientifiques du monde entier s'accordent pour dire que l'intelligence des filles et celle des garçons sont sur le même pied d'égalité, les deux sexes restent bien différents! Pourquoi?

«Il est impossible de deviner, en regardant un cerveau adulte, s'il appartient à un homme ou une femme», affirment les neurobiologistes. En s'appuyant sur des technologies modernes, telles que l'imagerie à résonnance magnétique, ils ont démontré que les hommes et les femmes ne diffèrent pas en termes d'intelligence générale. Mais cela ne veut pas dire que les cerveaux des deux sexes sont faits à l'identique.

Cerveau plus gros
Le cerveau d'un homme pèse 1350 g, il est en moyenne 9% plus gros que celui d'une femme, qui fait environ 1250 g. Pendant de longues décennies, on a corrélé l'intelligence humaine au poids du cerveau et cela laissait croire que les hommes étaient plus intelligents que les femmes. Mais les recherches scientifiques poussées sur le cerveau humain ont permis de lever les doutes et de donner une explication claire à cet écart de poids et de taille. Selon les scientifiques, du fait que les hommes sont en moyenne plus grands et plus lourds que les femmes, ils ont un cerveau plus gros et plus lourd. Le célèbre physicien Einstein, qui a bouleversé le monde grâce à la théorie fondamentale de la relativité, était loin de manquer d'intelligence et pourtant, il avait un cerveau plus petit que la moyenne!

L'hypothalamus
L'une des dissemblances anatomiques est l'hypothalamus. Cette zone qui contrôle la température corporelle ou la sensation de faim est plus grosse dans le cerveau masculin que dans celui des filles. La seconde, l'amygdale, impliquée dans les réactions instinctives de survie, est plus grosse dans le cerveau féminin que dans celui des garçons. La troisième concerne la symétrie. Le cerveau des filles présente une symétrie bilatérale, tandis que celui des garçons présente une asymétrie entre les deux hémisphères. Ceci établit une différence des connectivités neuronales entre les deux cerveaux.
Dans le cerveau masculin, les réseaux synaptiques, siège du transfert et d'échange de l'information, sont plus denses au sein du même hémisphère, alors que chez les filles, elles sont plus fortes entre les deux hémisphères.

Comment procèdent les filles et les garçons
Ces différences conditionnent-t-elles nos performances? Selon les chercheurs, ces dissimilitudes vont favoriser les uns et les autres dans certaines tâches, comme par exemple l'orientation dans l'espace chez les garçons et la fluidité verbale ou une bonne mémoire d'apprentissage des mots et des visages chez les filles... Chacun possède sa stratégie!
Filles et garçons utilisent leur cerveau droit pour s'orienter dans l'espace, cependant ils ne se servent pas exactement des mêmes zones cérébrales pour accomplir cette tâche. Une étude norvégienne a montré que les garçons utilisent l'hippocampe, logé dans le lobe temporal et impliqué dans la conscience des directions cardinales, tandis que les filles se servent de leur zone frontale pour y parvenir. On dit que les garçons ont souvent une meilleure stratégie spatiale que les filles et qu'ils possèdent une bonne vision d'ensemble. Les recherches scientifiques ont montré que le cortex de l'hémisphère droit qui gouverne la maîtrise de l'espace est, en effet, plus développé chez les garçons. Ce qui leur permet de former une image mentale en 3D de l'espace dans lequel ils se trouvent et une possibilité de l'interpréter comme une simple lecture de carte.
Les filles procèdent autrement. Elles mémorisent les détails qui leur servent de points de repère. D'ailleurs, le corps calleux qui relie les deux hémisphères du cerveau et qui assure le transfert des informations et de leur coordination est plus développé dans le cerveau féminin. Les filles vont aussi se servir de l'hémisphère gauche, centre du langage et du raisonnement, pour s'orienter. Plutôt que de former une image mentale en trois dimensions comme les garçons, elles concentrent leur attention sur des caractéristiques qu'elles peuvent décrire avec des mots lorsque les points de repère sont plus visibles.

La testostérone
Où prend naissance une telle différence? C'est au cours de la vie fœtale que s'effectue ce qu'on appelle la sexualisation du cerveau. Au début du développement embryonnaire, le sexe génétique de l'embryon, XX pour les filles et XY pour les garçons, va induire la formation des organes sexuels (ovaires et testicules). Ces derniers entrent en fonction très tôt durant la vie embryonnaire pour fabriquer les hormones sexuelles qui seront libérées dans le sang du fœtus. Avant la naissance, ils influencent la structure neuronale et l'organisation du cerveau. À partir de la puberté, ils modifient le traitement de l'information dans le cerveau.
La testostérone, secrétée chez le fœtus mâle, atteint un pic maximal à 15 semaines de gestation. Cette hormone va imprégner et masculiniser progressivement tous les tissus du corps, et va modifier l'expression des cellules de façon à leur faire adopter une forme spécifique au sexe mâle. Ce phénomène se produit également dans le cerveau.
Chez les filles, la testostérone fait défaut tout au long de la grossesse. Son absence chez le fœtus féminin va permettre de différencier les cellules autrement, sous l'influence d'autres hormones comme les œstrogènes.

Le rôle de l'environnement
Que nous soyons filles ou garçons, l'environnement intellectuel impacte le développement de notre cerveau et accroît nos performances cognitives. Les différents apprentissages précoces que les enfants accomplissent, en bas âge, vont permettre de renforcer les connections entre les neurones qui vont se frayer de nouvelles voies et permettre de développer certaines zones de notre cerveau. Dès la naissance, l'acquis va venir se greffer sur ce que Dame nature (l'inné) a déposé dans le berceau de chacun d'entre nous...

Mozart, qui composait à l'âge de 5 ans, semble être l'exemple classique de l'enfant né avec des dons extraordinaires. Mais ce génie de la musique classique n'est pas né avec un cerveau hors du commun: il a reçu de son père un apprentissage précoce. Une formation plus importante que les dons naturels.

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