White Wall Beirut : déchiffrez les murs

Médéa Toubia | 30/10/2017

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Street Art

Des artistes peintres ont pris d'assaut trois grandes façades de Beyrouth, pour ré-enchanter la ville et lui donner de la beauté, par les dessins, mais aussi pour s'exprimer et revendiquer, par des mots. C'est ça le «calligraffiti».

S'il y a un art accessible à tous, c'est bien celui des dessins et des signes graphiques peints sur des surfaces extravagantes dans la rue. Dans le cadre du Festival street art, qui s'est déroulé en octobre à Beyrouth, l'initiative White Wall* a rassemblé les stars du calligraffiti arabe, le Franco-Tunisien el-Seed et le Libanais Yazan Halwani, aux côtés du fondateur néerlandais de ce style artistique, le très célèbre Niels Shoe Meulman.
Don Karl, activiste culturel allemand, dessinateur, auteur et éditeur, est le commissaire de l'événement. Il y a mis toute sa passion et beaucoup d'énergie. «L'idée était de s'emparer de trois grands murs de la capitale pour y réaliser des fresques où s'imbriquent et se confondent dessins et écriture, alphabet occidental et oriental, comme un symbole de réunification en plein cœur d'une ville autrefois divisée», explique-t-il.

Messages de paix sur des sites symboliques
Sur des murs décrépis, des dessins qui en disent long sur l'ouverture d'esprit et la tolérance. Sur un fond de couleurs, Niels a mélangé en grandes lettres volumineuses, les mots East et West de forme latine mais d'inspiration esthétique arabe, dans le secteur de Verdun. El-Seed a jeté la lumière sur des murs gris et moroses d'Achrafieh en transcrivant dans son propre style, une phrase de l'écrivain Ameen al-Rihani, relative aux valeurs humaines qui destinent les hommes au vivre ensemble harmonieux. Quant à Yazan Halwani, très connu du public libanais, entre autres, pour son fameux portrait de Sabah à la rue Hamra, il a eu l'honneur de reproduire son œuvre sur un mur de Sodeco, situé sur l'ancienne ligne de démarcation qui séparait la capitale en deux. Ici, c'est le triomphe de l'amour sur le conformisme culturel et confessionnel, sous les traits des deux héros du film West Beirut (Ziad Doueri), l'un musulman l'autre chrétienne.
«Promouvoir cette culture urbaine est une priorité et la scène libanaise est d'une diversité magnifique» expliquent les organisateurs qui souhaitent s'adresser tout particulièrement à la jeune génération pour stimuler sa créativité, développer son goût du dialogue et l'encourager à exprimer clair et fort son opinion.

* L'édition 2017 White Wall est soutenue par Fransabank, l'Institut français du Liban, Goethe Institut, Future Divercities, la maison d'édition From here to Fame, Axa et Tinol.

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