Elon Musk ses projets fous

Cynthia Stephan | 27/12/2017

Monde Société & Média

Dossier

Avez-vous déjà entendu parler d'Elon Musk? C'est l'ingénieur et entrepreneur qui a inspiré le caractère de Tony Stark dans «Iron Man». C'est surtout un génie visionnaire. Comme en témoignent les entreprises qu'il a créées telles Tesla ou SpaceX.

Comme Steve Jobs, Musk a réussi à révolutionner plusieurs industries malgré les difficultés et les critiques. C'est un entrepreneur dont la vision du monde est unique: celle de vouloir sauver l'humanité d'une disparition accidentelle ou auto-infligée. Ses rêves de conquête de l'espace et d'énergies renouvelables n'ont qu'un but: améliorer le monde dans lequel nous vivons. Il parle même de coloniser Mars. Résumé de son parcours, ses échecs, ses paris réussis et comment il a pu faire de ses rêves une réalité?
Débuts
Né en 1971, Elon Musk a grandi à Pretoria, en Afrique du Sud, dans un climat d'apartheid. Pendant des années, son pays fut soumis aux sanctions internationales en raison de sa politique raciste. Musk eut le luxe de voyager pendant son enfance. Il sentait que quelque chose ne tournait pas rond dans le monde et il planifiait d'échapper à son milieu. Il voyait l'Amérique comme une terre d'opportunités et le cadre où il aurait le plus de chances de réaliser ses rêves. Son premier succès remonte à 1984. Cette année-là, un journal professionnel sud-africain publie un article sur un jeu vidéo qu'il crée. C'était un jeu spatial intitulé Blastar. Sans s'imposer comme une merveille informatique, le jeu de Musk surpassait la production de la plupart des gamins de 12 ans. Vers 14 ans, Musk croit dur comme fer à ses rêves de science-fiction mais contrairement aux adolescents de son âge, il compte bien les réaliser. À 17 ans, il quitte l'Afrique du Sud pour le Canada (sa mère est canadienne). En 1992, il part pour les États-Unis étudier la physique et le commerce, grâce à une bourse. Et en 1995, il reçoit une nouvelle bourse pour poursuivre un doctorat en physique énergétique à l'université de Stanford.

Visions
L'étudiant en physique imagine alors cinq thématiques: les énergies renouvelables, Internet, coloniser d'autres planètes, l'intelligence artificielle et l'édition du génome (modification de l'ADN de l'homme). Plus tard, il créera des start-ups valorisées à plusieurs milliards de dollars sur trois de ces thématiques. Sur sa liste des 5 révolutions technologiques, n'en reste donc aujourd'hui que deux: l'intelligence artificielle et l'édition du génome. Deux pour lesquelles Elon Musk ne sait pas vraiment si leur impact sera positif ou négatif pour l'espèce humaine. Pourtant, il commence déjà à investir le terrain de l'intelligence artificielle. Quant au dernier domaine, il l'évite à dessein.

Zip2 et Paypal
En 1995, alors qu'Internet n'en est qu'aux balbutiements, il abandonne ses études de physique et lance Zip2, sorte de Pages Jaunes géolocalisées. Pendant le lancement de cette première entreprise, Elon et son frère n'avaient pas assez d'argent et devaient choisir entre louer un appartement où vivre ou un bureau où travailler. Ils ont loué un bureau où ils dormaient sur les canapés. Quatre ans plus tard, il revend sa société, engrange ses premiers millions et lance X.com, l'ancêtre de Paypal. La société est rachetée en 2002 par eBay pour 1,5 milliard de dollars. Elon Musk empoche 180 millions de dollars. Quelques mois plus tard, il investit 100 millions de dollars dans SpaceX, alors que la conquête privée de l'espace semble chimérique.

SpaceX et la conquête de Mars
Tout part d'une idée folle, appelée Mars Oasis: envoyer une serre robotisée sur Mars, y faire pousser une plante, puis ramener sur Terre la première preuve de vie de la planète rouge. Musk essaye d'acheter une fusée, mais le prix est trop élevé. Ses proches essaient de l'en dissuader. Ils lui montrent des vidéos d'explosions de fusées, mais sa détermination est inébranlable. Il décide donc de créer une société pour réduire drastiquement le coût d'un voyage spacial. Avec SpaceX, Musk veut conquérir Mars, pas faire un simple aller-retour. Il rêve d'y installer des colonies afin de permettre à l'espèce humaine de survivre hors de la planète Terre. D'ailleurs, SpaceX a annoncé la vente de tickets pour un voyage autour de la lune prévu pour 2018 et elle envisage d'envoyer l'homme sur Mars d'ici 2023. Aujourd'hui, SpaceX est valorisée à 15 milliards de dollars.

Tesla vers une voiture volante
En 2004, Musk investit 70 millions de dollars dans une start-up qui veut produire des voitures électriques. À l'époque, ce type de véhicule est un fantasme. En 2008, pendant la récession, Musk puise les derniers 35 millions de dollars de son épargne personnelle pour sauver Tesla de la faillite. En 2015, Tesla enregistre plus de 50000 livraisons en un an. Elle a réussi à pénétrer l'impénétrable industrie de l'automobile, et projette de vendre plus de 500000 voitures/an d'ici 2020. Aujourd'hui, Tesla est valorisé à quelque 45 milliards de dollars. Et Elon Musk pousse le bouchon encore plus loin. Sur son compte Twitter, il avait annoncé l'avènement du Tesla Roadster seconde génération, l'hypercar pouvant passer 0 à 100 km/h en moins de 2 secondes. Selon lui, habitué aux idées démesurées et adepte des effets de buzz, ce n'est pas suffisant! Les ingénieurs Tesla plancheraient sur un pack sportif spécifique permettant d'améliorer cette performance. Et ce n'est pas tout! Grâce au savoir-faire des ingénieurs SpaceX, cette voiture pourrait même un jour... décoller. Comme une fusée!

IA et ses dangers
Elon Musk craint-il vraiment l'intelligence artificielle et les robots? Le patron de Tesla et de SpaceX a signé avec 700 chercheurs une lettre ouverte pour mettre en garde l'humanité contre l'IA, si les humains ne savent pas la maîtriser. Il a d'ailleurs dit que l'avènement d'une machine aussi intelligente qu'un homme serait l'un des plus grands dangers que notre civilisation va devoir affronter. Ainsi, fin 2015, il fonde une société à but non-lucratif, OpenAI, dont le but est de rendre le travail sur l'intelligence artificielle le plus ouvert possible. Mais en parallèle, Musk fonde en 2016 Neuralink, une société devant permettre aux humains de communiquer rapidement avec les ordinateurs. Cette start-up permettrait d'améliorer le cerveau avec une couche d'intelligence artificielle. L'idée, ici aussi, est de se préparer à l'avènement de l'intelligence artificielle en améliorant l'être humain pour lui permettre de ne pas être déclassé. «Si vous ne pouvez pas battre la machine, le mieux est d'en devenir une.»

Le problème Hitler
Qu'en est-il enfin de la cinquième partie de la liste d'étudiant d'Elon Musk, l'édition du génome humain? Selon lui, pour battre la mortalité, il faut reprogrammer le code génétique de l'homme et remplacer toutes ses cellules, car c'est l'ensemble du corps qui s'écroule avec l'âge. Et il voit là un point très problématique. «Ce n'est pas un combat technique, mais moral, estime-t-il. J'appelle cela le problème Hitler. Hitler voulait créer un surhomme et une pureté génétique. Comment faites-vous pour éviter le problème Hitler? Je ne sais pas». Reste à voir si le fantasque entrepreneur finira par s'aventurer sur ce sujet scabreux. Pour le meilleur ou pour le pire.

 

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