La rage de vivre de Charif Kaiss

Médéa Toubia | 22/02/2018

Actu écoles

Témoignage

Dominant la baie de Jounieh en parachute ascensionnel, Charif Kaiss est tout à son bonheur de voler. Libre, heureux de ses succès personnels et universitaires, il rêve joyeusement à ses projets d'avenir. Neuf jours plus tard, il apprend qu'il est atteint d'une maladie incurable.

Aujourd'hui, les élèves des classes de Terminales du Lycée Verdun sont en effervescence. Ils reçoivent la visite d'un ancien élève de l'école, Charif Kaiss, venu présenter un témoignage sur sa propre vie. Atteint d'une leucémie à l'âge de 20 ans, il mène un long combat contre la maladie et s'en sort victorieux. Combattre ou mourir? Telle est la question sur laquelle Charif invite ses jeunes auditeurs à se pencher.

Tout ce qui symbolise la force et la joie, je m'y suis accroché
Charif s'adresse à son public d'une voix calme et enjouée. Ces murs, ces bancs de classe font remonter en lui des souvenirs, qu'il prend plaisir à évoquer avec des étudiants aux sourires complices. Et puis, c'est par une citation qu'il introduit le sujet: «Nos plus beaux succès sont mêlés de tristesse» (Le Cid/Corneille). Un jour, Charif se trouve confronté à la souffrance et à des choix qui lui sont imposés. «Je décide de m'adapter, de tirer le meilleur parti de la situation». Obligé d'effectuer de longs séjours à l'hôpital, il trouve moyen de se distraire, de rendre la vie plus agréable aux autres malades et d'améliorer la communication avec le personnel infirmier. Il partage avec eux des jeux électroniques, il échange musique et visites. «Je voulais rire et garder le moral, car un jour sans rire est un jour perdu» (C. Chaplin). Aux médecins qui lui annoncent un faible espoir de guérison, il s'accroche aux 10% de chance de s'en sortir. «J'avais l'aspect chétif, mais je me sentais fort». Son courage, sa volonté de vivre et ses pensées positives sont le meilleur obstacle à la maladie. En moins de deux ans de combat et de sacrifices, Charif est guéri.

Balayer l'indifférence
À chaque étape de son parcours, Charif a acquis des leçons de vie et a réalisé l'importance du don de soi. Il a rédigé son expérience dans un ouvrage autobiographique I am a living legend. «Je veux offrir un message d'espoir à tous ceux qui doivent affronter des épreuves et instaurer une chaîne de solidarité avec ceux qui souffrent», explique Charif qui a été ardemment soutenu par ses parents et ses amis. La vente de son livre sert à financer les activités humanitaires de «Revive», une association qu'il a fondée, avec cinq ex-patients cancéreux et contribue à soutenir Kid's First, un centre pour enfants malades. En partenariat avec l'ADLC* et le Lycée Verdun, ils éditent le calendrier de l'espoir 2018 dont les recettes servent à mener campagne pour «Save the life of a child» en aidant une jeune patiente Rita Ghosn, atteinte d'une maladie rare. «J'étais mourant, mais quand on croit à son rêve, on arrive».

* ADLC – Ambassadeurs de la citoyenneté– est une ONG qui initie les jeunes au respect de l'environnement, à la tolérance, à la liberté et la solidarité. Ses jeunes membres, élèves du cycle secondaire du Lycée, ont invité Charif Kaiss à partager son expérience avec les élèves des classes terminales.

 

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