La bibliothèque publique, un espace de rencontres

Maria PASCALIDES | 23/03/2018

Actu Ados

Liban

La bibliothèque publique vue par Assabil est un espace vivant, convivial pour s'informer et partager des idées, le droit de tout citoyen. Antoine Boulad, un des membres fondateurs de l'ONG, et Ali Sabbagh, le coordinateur exécutif, expliquent.

«La bibliothèque publique, souligne Antoine Boulad, est un lieu où l'on peut lire des livres, des journaux ou des magazines, mais où l'on rencontre également des écrivains, conteurs, artistes, où l'on écoute de la musique, où l'on peut voir des films, où l'art s'expose. C'est un espace qui donne un accès gratuit aux ressources documentaires, aux idées, à la culture. La bibliothèque publique contribue au maintien du libre accès à l'information, un droit de chaque citoyen, une condition indispensable pour le développement d'une société démocratique dans la République. Comme tout espace public, école ou jardin, la bibliothèque publique est un espace ouvert à tous, sans distinction d'âge, de sexe, d'appartenance politique, communautaire ou socioéconomique; un espace qui favorise la rencontre de personnes, le dialogue et l'échange d'idées.»

Les bibliothèques d'Assabil
Pour toutes ces raisons, Assabil a voulu ouvrir des bibliothèques publiques dans la capitale. L'ONG collabore, depuis l'an 2000, avec la municipalité de Beyrouth. «Ce qui garantit la continuité de l'opération», explique Antoine Boulad.
Trois bibliothèques ont déjà été successivement aménagées: la première à Bachoura, en 2000, la 2e, en 2004, dans le jardin des Jésuites à Geitaoui et la 3e, en 2008, à la rue Monot. La direction de ces bibliothèques est gérée par Assabil.
«La municipalité n'interfère ni dans le choix des livres ou des films projetés ni dans l'organisation des activités. Elle nous fait confiance.» Elle assure 80% du financement du budget des bibliothèques. Le reste est assuré par des aides de plus en plus difficiles à acquérir.
«Subsister est un défi permanent», avoue Ali Sabbagh. «Depuis 2008, nous sommes au point mort. Nous projetions d'ouvrir 9 autres bibliothèques à Beyrouth. Ce projet n'a toujours pas vu le jour», regrette Antoine Boulad.

Des bibliothèques animées
«Qui dit bibliothèque pense à des livres disposés sur de longues étagères. Or la bibliothèque publique, affirme Antoine Boulad, est différente de la bibliothèque nationale où est conservé le patrimoine littéraire du pays, toutes les publications.»
«Les bibliothèques publiques d'Assabil possèdent bien sûr des livres et des magazines que quiconque peut lire sur place ou emprunter, explique Ali Sabbagh. Cependant, elles organisent régulièrement des activités culturelles comme des rencontres avec des écrivains qui présentent leurs ouvrages, la lecture de contes suivie d'une animation, des ateliers d'écriture, de poésie, de photographie ou d'illustrations. Des séances d'écoute musicale orientale et occidentale sont programmées, de même que des cinéclubs. Nous avons aménagé, dans chaque bibliothèque, un espace pour recevoir des élèves d'écoles publiques qui veulent faire des recherches ou étudier. Nous mettons à leur disposition des ordinateurs. Nous avons créé trois book clubs dans les trois langues. Nous avons organisé un club débat pour apprendre aux lycéens à prendre la parole et à argumenter sur un thème précis, comme, par exemple, le quota féminin au Parlement. Un club philosophique a vu le jour aussi.»

Le réseau Assabil
Assabil a créé un réseau de 25 bibliothèques publiques localisées dans différentes régions du Liban, selon un protocole précis qu'elles doivent respecter. L'ONG forme des bibliothécaires, fait des dons de livres, partage son savoir-faire pour l'aménagement de nouvelles bibliothèques, pour l'organisation d'ateliers ou d'animations autour du livre et de la lecture.

La bibliothèque se déplace
Inauguré en 2008, le Kotobus se déplace dans les banlieues nord et sud de la capitale et s'arrête dans les écoles publiques de différentes régions du pays. «Il transporte des livres que nous prêtons. Diverses animations sont organisées pour donner l'envie de lire aux jeunes.»

Les chiffres 2016
28000 personnes se sont rendues dans les 3 bibliothèques d'Assabil.
44000 titres sont catalogués.
122 événements culturels ont été organisés et 1900 personnes y ont participé.
158 écoles publiques ont été reçues, soit plus de 2700 élèves.
1580 enfants ont participé à la lecture de contes.
19439 livres ont été prêtés, soit 20% de plus qu'en 2015.

Week-end inoubliable
En septembre 2016, Assabil a organisé le festival de Horch Beyrouth en partenariat avec la municipalité de Beyrouth et Heinrich Böll Stiftung Middle East. Cet événement qui s'est déroulé dans le bois des Pins, a reçu le soutien du ministère de la Culture. Dans un des rares espaces verts de la capitale, enfants et adultes ont écouté chanter Tania Saleh et Nisreen Hmeidan. Ils ont participé à diverses activités autour du livre.

Assabil est l'association des amis des bibliothèques, une ONG fondée en 1997, dans le but d'aménager et de promouvoir des bibliothèques gratuites d'accès pour tous. « Assabil, explique Ali Sabbagh, veut dire en arabe, la source où l'on se désaltère, ici de connaissances, la voie que l'on suit ».

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