Le rêve, gardien du sommeil

Stéphanie Jabre | 30/05/2018

Actu Ados

Rencontre

Il ne dure que 6 secondes tout au plus. Mais quel bien-être il procure, toute la nuit ! Avec lui, tout est réalisable, mais non réalisé. Quoiqu'il en soit, le plus beau est de rêver.

Atemporel, fascinant, bizarre, troublant, magique, le rêve se manifeste chaque nuit durant notre sommeil, même si on ne s'en souvient pas à notre réveil. Rêver est un processus physiologique qui intervient principalement lors de la phase du sommeil paradoxal. Si le sommeil profond est la phase la plus intense de la période de repos, durant laquelle les muscles et le cerveau sont endormis, c'est au stade du sommeil paradoxal que le cerveau est en activité et émet des ondes rapides : les globes oculaires de la personne qui dort vont se mouvoir rapidement, comme si elle regarde la télé et que des images défilent devant elle. Sommeil lent, profond puis paradoxal, ce cycle va donc se reproduire toute la nuit, et les rêves aussi. Mais quelle est la fonction du rêve et son interprétation ? Réponses avec Dr Boutros Ghanem, Docteur en psychologie clinique et pathologique.

Pourquoi rêver ?
« La réalité de nos journées est souvent lourde à porter. Grands ou petits, nous avons besoin de 8 heures pour ne plus penser à la réalité et nous reposer. D'où le sommeil du corps, et par conséquent le rêve », explique Dr Boutros Ghanem. « Pour permettre au dormeur de continuer à dormir, le rêve veille.
Selon Freud, il est "le gardien du sommeil". Le rêve va utiliser tous les stimuli que nous entendons autour de nous, pour prolonger notre sommeil : par exemple, rêver que la cloche de la récré sonne, alors qu'il s'agit de l'alarme matinale que nous entendons, montre comment le rêve essaie de nous empêcher de nous réveiller, en transformant un élément de la réalité. » Sa fonction est donc réparatrice pour l'organisme.
« Il est surtout réparateur parce que ce dont nous rêvons est l'accomplissement de nos désirs refoulés », ajoute Boutros Ghanem. « Dans le rêve, nos désirs sont satisfaits : une bonne note obtenue, le bus de l'école qui nous devance parce que nous ne désirons pas aller à l'école... Toutes sortes de désirs que notre conscience "réveillée" refoule et n'ose pas formuler "se relâchent" durant le sommeil, quand l'inconscient s'oppose à la censure et favorise cette décharge d'idées qui apaise l'organisme. »
Quand le rêve devient cauchemar, on se réveille, parce que le rêve ne remplit plus sa fonction de gardien du sommeil. Le « mauvais rêve » est celui qui montre le désir « tel quel » sans le camouflage que la censure lui impose, sans symboles, donc cela nous dérange et on sursaute. « Les cauchemars sont relatifs, précise Dr Ghanem, ce qui est troublant pour une personne ne l'est pas pour une autre. Vivre beaucoup de choses durant l'état de veille peut donc engendrer de nombreux cauchemars. Ils peuvent être aussi le reflet amplifié de situations vécues. »

Je rêve donc je vis
« On a souvent associé l'interprétation des rêves à de vieilles superstitions », raconte Boutros Ghanem. « Le poisson synonyme de fortune, la perte de dents signe de la mort d'un proche, la rencontre d'une personne disparue porte bonheur ou malheur, selon le contexte, etc. Or, le rêve prémonitoire n'a jamais été établi comme fait scientifique; il s'agit parfois de simples coïncidences. Les dictionnaires d'interprétation des rêves sont nombreux : ils présentent des symboles universels avec une signification précise. Par exemple, l'eau peut être associée au bonheur ou à la création.
Rêver de l'avenir symbolise sa propre projection dans l'avenir. Le rêve étant lié à l'inconscient, dans le cadre d'une démarche psychanalytique, l'interprétation des rêves peut alors devenir un outil précieux pour mieux nous connaître et comprendre nos désirs inconscients », conclut Boutros Ghanem.

Les plus lus