17/12/2023
Suivez Joyce Azzam sur Instagram et Facebook pour la voir grimper tout au haut du mont Vinson (4892 m), en Antarctique, à partir de fin novembre et jusqu'au 6 décembre. Là, comme elle l'a fait à Carstenz Pyramid, en Alaska, à Aconcagua, en Argentine, à Denali, en Amérique du nord, à Elbrouz, en Europe, et au Kilimanjaro, en Afrique, elle hissera le drapeau libanais dont elle est fière. «L'altitude n'est pas la seule difficulté à surmonter quand on décide de conquérir la plus haute montagne de chaque continent, explique Joyce Azzam avec des yeux pétillants d'enthousiasme, rêvant à sa nouvelle conquête. La nature du terrain en est une autre, de même que les conditions météorologiques (tempêtes, vent) et les températures.»
L'expédition de l'Antarctique, qui durera 20 jours, l'exposera à des températures très basses qui pourraient tomber à -90°C. Mais rien ne peut arrêter cette jeune femme déterminée. Son projet, elle compte le mener jusqu'au bout. Après le mont Vinson, sa prochaine conquête sera celle de l'Everest (8848 mètres) qu'elle a programmée pour mai 2019. «Je deviendrai alors la première Libanaise à avoir conquis les 7 sommets les plus élevés de la Terre.»
Toutefois, Joyce veut aller encore plus loin et devenir la seconde femme dans le monde à relever le plus lourd défi de l'alpinisme: le grand chelem des explorateurs. Cet exploit fou consiste à ajouter à la conquête des sept sommets, la randonnée vers les Pôles Sud et Nord. Elle l'a déjà programmée pour décembre 2019 et mars 2020.
La montagne, une passion
«Je ne connaissais rien à la montagne quand j'étais petite, avoue Joyce Azzam. C'était la guerre. Les montagnes, les vallées, les forêts n'étaient pas la priorité de la famille. Il fallait avant tout survivre. De plus, mes parents ne faisaient ni sport ni escalade. Mes activités sportives se limitaient à celles de l'école.»
«Mon premier contact avec la nature remonte à 2005, précise Joyce. J'étais à l'université. C'est au cours d'une excursion que j'ai découvert les plaisirs de la randonnée en plein air et la beauté de la nature au Liban. Puis je me suis entraînée à l'escalade et j'ai rejoint le club de spéléologie. En 2006, j'ai grimpé au sommet de Qornet el-Sawda, mon premier exploit. La montagne et la nature sont devenues ma passion. En 2009, alors que je préparais mon doctorat d'architecture à Rome, je me suis familiarisée avec les techniques de l'alpinisme dans les Alpes. J'ai alors décidé de mener à bien le projet des 7 sommets. Mes parents ne m'ont jamais encouragée, bien au contraire. Pour eux, une femme avec un diplôme en poche doit travailler puis penser à se marier et fonder une famille. Tenace, j'ai suivi mon cœur et j'ai été au bout de mes rêves. Mon frère, Georges, qui a fait des études de gestion du sport, m'a aidée à planifier mon entraînement. Pour l'expédition en Antarctique, je m'entraîne 20 heures par semaine: cardio, steps, respiration. Je prends des bains d'eau glacée pour développer mon endurance. Chaque fin de semaine je vais aux cèdres m'entraîner en Boot camp. Seule, avec 20 kg sur le dos, je grimpe au sommet de Qornet el-Sawda. Physiquement, il faut être prêt. Dans la tête aussi.»
«La conquête de la montagne n'est pas uniquement une prouesse physique, ajoute Joyce. Elle agit sur le moral aussi. La montagne m'a rendue plus forte, elle m'a appris à avoir confiance en moi, à dépasser mes limites, à relever les défis, à contrôler ma peur, à combattre mes faiblesses. Elle m'a permis de me réaliser et d'être ce que je voulais être. En outre, la montagne m'a appris à être humble car elle peut être dure et sévère. Elle a sa force. Il ne faut pas la défier. Il faut la prendre au sérieux, savoir calculer les risques et choisir ses batailles avant de se lancer à sa conquête.»
Son message aux jeunes
Joyce parle aux jeunes. Elle leur apprend que chacun de nous possède un talent, une ambition, une passion et des rêves. «Ils sont enfouis au fond de notre cœur et sont enfermés dans une graine, leur dit-elle. Ne l'écrasez pas. Au contraire, privilégiez les efforts qui la feront grandir. Relevez les défis et vous verrez que vous irez très loin. Fixez-vous des objectifs limités pour pouvoir les atteindre, avancez pas à pas comme la tortue des montagnes et le rêve que vous nourrissez se réalisera.»
«Je suis une tortue de montagne, renchérit Joyce. J'avance lentement mais sûrement sur la voie que j'ai tracée. Comme la tortue, je porte ma maison sur mon dos et le Liban dans mon cœur. Je crois en ce pays et travaille pour que les jeunes y croient aussi. Le Liban ne disparaîtra pas même si aujourd'hui le patriotisme a disparu pour faire place au communautarisme.»
«Enfin, conclut Joyce Azzam, je dédie mes exploits aux femmes libanaises, jeunes et moins jeunes, qui brisent les stéréotypes qui perdurent à cause de l'éducation donnée aux filles et qui luttent tous les jours pour voir leurs rêves se réaliser.»
