«Zéro plastique» nouvelle politique au Collège Melkart

Lamia SFEIR DAROUNI | 27/11/2018

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Environnement

Ils avaient fait le pari de faire du collège, un établissement «100% plastic-free». Il y a deux ans, en s'inscrivant au «Green School Programme», la direction et les professeurs du Collège Melkart se lançaient d'énormes défis: rendre leur collège encore plus vert, pousser les élèves à respecter la nature et son environnement et surtout lancer la campagne antiplastique. Pari fou, mais pari «presque» gagné.

«Bousculer les habitudes des parents autant que des étudiants était une très grosse bataille, qui demande énormément de patience et de persévérance, avoue M. Sami Mitri, directeur administratif du Collège. Il ne faut pas oublier que l'environnement dans lequel évolue l'enfant à la maison n'est pas axé dans cette voie». Alors, direction, professeurs et éducateurs décident malgré les difficultés de s'attaquer au problème. Ils lancent, il y a quatre ans, leur vaste programme de sensibilisation aux divers enjeux écologiques auxquels fait face le pays. Pour la première fois, les élèves, de la maternelle jusqu'au secondaire, touchaient du doigt l'ampleur du désastre écologique. Les actions se multipliaient. Les consciences s'éveillaient. Les mentalités changeaient.

Opération plastic-free
Il y a un an, le collège Melkart lançait sa première campagne antiplastique au collège. Directeurs et professeurs ont commencé par éliminer de la cantine toutes les barquettes en plastique qui contiennent les aliments (carottes, salade...). Ils ont également supprimé l'utilisation des pailles au collège. Ils ont demandé aux élèves de remplacer les bouteilles d'eau en plastique par des gourdes qu'ils rempliraient à la maison, ou des bouteilles en verre vendues sur le marché par les sociétés de distribution d'eau. «Il y a eu beaucoup de résistance au début de la part des élèves et des parents, avoue le directeur. Il a fallu batailler, convaincre, responsabiliser les grands, pour leur permettre d'être eux, les éléments des changements, qui donneront l'exemple à suivre auprès des tout-petits, admet le directeur. Mais parallèlement, nous avons compris que le collège devait proposer une autre alternative aux élèves. Nous nous sommes donc engagés auprès d'une jeune start-up, qui assure de l'eau minérale en grande quantité dans un système complètement indépendant, ce qui permettrait aux enfants de remplir leur gourde moyennant 250 à 500 livres par gourde. Un projet long et cher toujours en cours de réalisation, mais qui portera la solution finale à notre ambition de faire de ce collège un établissement zéro plastique».

Upcycler, recycler, transformer
Redonner une autre vie au plastique, telle était l'action entreprise, il y a un an, par les étudiants de la maternelle jusqu'aux classes du secondaire. Dans un premier temps, les élèves ont entrepris la récolte de toutes les bouteilles et bouchons en plastique jetés dans la cour. Ils les ont ensuite remis à l'association l'Écoute. Et grâce à la vente de ce plastique, l'association a pu offrir des appareils auditifs aux malentendants. En petite section, c'est une opération décorative que les enfants ont entreprise avec les bouchons des bouteilles et des jus de fruits en carton. «Ils ont créé des fleurs magnétiques avec les différentes couleurs des bouchons, qu'ils ont offertes en guise de cadeau à la fête des mères», explique la directrice du primaire Mme Marie-Reine Hanna. Les élèves du CM2, quant à eux, avaient auparavant travaillé sur un projet qui touche à la pollution de l'eau et de la mer. Ils se sont alors rendu compte des effets néfastes du plastique et des déchets sur la flore et la faune. À partir de toutes les données et photos prises au cours de leur projet, ils ont présenté une conférence aux parents et aux professeurs, pointant du doigt les effets catastrophiques du plastique. Ils ont alors demandé à la direction de l'école d'interdire l'usage des bouteilles et de les remplacer par un distributeur d'eau. Un projet que le collège étudie sérieusement, mais qui n'a pas encore pu se réaliser. Par la suite, ils ont récolté toutes les bouteilles en plastique qui jonchaient la cour de leur école, et les ont transformées en petits vases dans lesquels ils ont planté tout genre de fleurs et d'herbes aromatiques (verveine, thym, romarin...) créant sur les murs de leur collège un magnifique jardin suspendu.

Du plastique à la musique
«C'est en un petit orchestre, créé à partir de toutes les bouteilles en plastique récoltées à la maison et à l'école, que les élèves de la classe maternelle ont donné une nouvelle vie à ce matériau, raconte fièrement la responsable des maternelles, Mme Olivia Kareh. Les enfants ont découpé en deux les grandes bouteilles de détergents. Ils les ont remplies de graines, les ont refermées et en ont créé de petites maracas pour leur orchestre. Avec d'autres bouteilles de détergents, également coupées en deux, ils ont accroché de part et d'autres des cordes et les ont transformées en guitares. Les tuyaux en plastique, pliés et tordus au bout desquels un entonnoir était accroché, ont donné vie à une trompette. Et c'est fièrement que les enfants ont interprété une chanson, accompagnés de l'orchestre qu'ils ont créé à partir des bouteilles et des récipients en plastique.» Le rêve et la volonté d'un collège qui a voulu inculquer à ses élèves le respect de l'environnement, de la nature et une éducation éco citoyenne, commence à porter ses fruits. La politique du «zéro plastique» suit lentement mais sûrement son chemin auprès de cette nouvelle génération. «Un processus long, qui fait aujourd'hui partie intégrante de l'éducation de ce collège», conclut fièrement le directeur de Melkart.

 

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