«One Voice», la musique dans les écoles publiques

Lamia SFEIR DAROUNI | 03/01/2019

Actu Ados

Initiative

Elle avait un rêve : mettre la musique à la portée de tous. Aujourd'hui, la présidente de l'association One Lebanon, la soprano libanaise Tania Kassis, vient de le réaliser. Le 4 décembre, plus de 120 élèves issus de 4 écoles publiques différentes se sont retrouvés au Grand Sérail, pour chanter et lancer le projet One Voice, soutenu et financé par l'opérateur mobile Touch.

Dans la petite salle de théâtre de l'école publique de Chiyah, un brouhaha joyeux se fait entendre. Malgré l'odeur d'humidité de la salle et le froid qui y règne, les élèves excités attendent leur professeur de chant. Depuis le mois d'octobre, ils apprennent vocalises, notes et surtout chants patriotiques que leur apprend Tania Kassis. «Tout a commencé le jour où une maman m'a demandé d'écouter son fils de 12 ans chanter, raconte Tania. Il avait énormément de talent. Je lui ai suggéré de l'inscrire à l'académie de musique que j'avais formée. Tristement, elle m'a répondu qu'ils n'avaient pas les moyens de lui payer des cours de musique, c'est tout juste s'ils pouvaient assurer la scolarisation de leurs trois autres enfants.» Tania Kassis décide de réparer cette injustice et lui offre une formation musicale gratuite, à la hauteur de sa passion et de son talent. «J'ai vu ce garçon grandir, s'épanouir. Mais j'ai surtout vu dans son regard, la joie et la fierté de chanter», affirme doucement Tania en racontant la naissance, il y a deux ans, de son projet One Voice qu'elle lançait auprès des enfants défavorisés. J'ai compris ce jour-là que j'avais une nouvelle mission: permettre à tous de vivre leur passion, indépendamment de leur classe sociale ou de leurs moyens financiers.»

Unis autour de la musique
Elle contacte le ministère de l'Éducation nationale et confie son rêve d'introduire la musique dans les établissements scolaires publics. 4 écoles sont sélectionnées : l'école secondaire Riad el-Solh, l'école secondaire Gébran Tuéni, l'école anglaise mixte de Chiyah et l'école du Martyr Abdel Karim Khalil. Après les premières sélections, commencent les cours de musique données par un professeur de chant, Charbel Maalouf, à raison d'une heure par semaine. «Mon but n'est pas de sélectionner les belles voix, mais de choisir les enfants qui ont envie de chanter, de s'évader dans la musique et peut-être de développer certains talents que j'aurai décelés, souligne la soprano. Certes, il a fallu leur apprendre la discipline, la tenue, le respect de l'autre. Ils ont compris que faire partie d'une chorale est un engagement, et que chacun avait un rôle à jouer. Mais ils étaient si motivés et heureux qu'ils se sont vite pliés aux règles», avoue-t-elle. Si le but de la chanteuse aujourd'hui est d'étendre son action dans toutes les régions et écoles publiques du Liban, c'est surtout «le respect, la collaboration et l'acceptation de l'autre, dans toute sa différence», que Tania Kassis essaie d'inculquer à travers l'éducation musicale à la nouvelle génération. Car «c'est en s'unissant d'une seule voix, qu'ils pourront changer les choses», conclut-elle.

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