Survol historique des aéroports du Liban

Patricia ANTAKI-MASSON | 28/01/2019

Liban Patrimoine

Liban

Étonnamment, si le Liban possède un seul aéroport civil, il compte de nombreux aérodromes à caractère militaire. La plupart sont toutefois tombés en désuétude. Décollage imminent aux quatre coins du Liban.

Notre pays comprend non moins d'une dizaine d'aérodromes, la plupart désaffectés aujourd'hui et n'offrant plus au regard que les tracés de leurs pistes, à la fois désolantes et majestueuses. Certains furent aménagés par les troupes anglaises, françaises ou allemandes dans le contexte des deux guerres mondiales. D'autres sont l'œuvre des milices libanaises qui les improvisèrent durant la guerre civile, suite à la fermeture de l'Aéroport International de Beyrouth, notamment pour assurer leur approvisionnement en munitions.

Beyrouth, de Bir Hassan à Khaldé
En 1919, un terrain d'aviation, réalisé par les Français, voit le jour à Bir Hassan. Il est réaménagé en aéroport civil à la fin des années 30 par les ingénieurs Ibrahim et Fayez el-Ahdab. Il est inauguré en 1939. Il s'agissait d'un projet colossal. Il avait nécessité un million de mètres cubes de terrassement et le transport de 90000 mètres cubes de sable qui serviront aux quais du port. Mais dès 1941, il s'avérait déjà trop petit en raison de l'expansion économique de la capitale et trop proche de celle-ci. Il fut alors décidé de le déplacer à Khaldé, sur une idée de l'architecte et urbaniste français Michel Ecochard, ce qui fut réalisé en 1946. L'aéroport, œuvre d'un autre architecte français, André Leconte, vit le premier avion atterrir le 23 avril 1954. Il comprenait alors deux pistes, l'une de 3250m de long pour les atterrissages et l'autre de 3180m pour les décollages. L'Aéroport International de Beyrouth, baptisé depuis 2005 aéroport Rafic Hariri reste, après plusieurs rénovations, grâce à son emplacement stratégique, une plaque tournante du Proche-Orient. Il est desservi entre autres par la compagnie aérienne nationale, la Middle East Airlines. Quant à l'ancien aéroport de Bir Hassan, il disparut complètement en 1982, suite aux bombardements aériens israéliens.

Base militaire de Rayak
La première base aérienne est construite par les Allemands durant la Première Guerre mondiale, au cœur de la Békaa, dans la ville de Rayak, connue à l'époque pour sa gare ferroviaire qui reliait le Liban aux pays voisins. À l'époque du Mandat, en 1920, ce sont les Alliés français et anglais qui l'occupent et l'agrandissent. Lorsque les forces de l'air françaises évacuent les lieux, le commandement de l'armée libanaise y installe ses quartiers dès 1949. Elle devient la première base aérienne de l'Armée de l'Air libanaise. Elle sert d'ailleurs toujours d'école d'aviation aux Forces aériennes libanaises et abrite un musée d'avions et d'hélicoptères anciens.

Istabel, une piste disparue
Au sud de Qabb Elias, dans la localité de Raouda, la piste d'Istabel, disparue aujourd'hui, fut créée par l'aviation française du Levant en 1938 en tant que terrain de desserrement de la base aérienne de Rayak. Servant d'école d'aviation en 1956, elle fut fermée dans les années 60.

Iaat, au nord de Baalbeck
Au nord de Baalbeck, à Iaat, deux pistes ont été tracées par les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Utilisées à l'occasion par les Forces Aériennes Libanaises, elles demeurent fermées depuis les années 60.

Marjeyoun, une piste perdue dans les champs
L'aérodrome le plus méridional du pays se trouve à quelques encablures de la frontière libano-israélienne, dans la plaine agricole de Marjeyoun, en contrebas du village de Khiam. Ses deux pistes furent aménagées durant la Seconde Guerre mondiale par les Britanniques mais furent vite abandonnées après leur départ.

Une base aérienne éphémère à Jounieh
Lorsqu'au tout début de la guerre civile libanaise, en 1975, l'aéroport de Beyrouth fut contraint de fermer, une piste sommaire d'un kilomètre de long fut aménagée devant la base navale de l'armée à Jounieh. Celle-ci ne vit s'envoler et atterrir cette année-là que des avions de petit calibre.

L'aéroport de Kleyaat bientôt réhabilité?
À l'extrémité nord de la côte libanaise, à Kleyaat, près du pipe-line, les Français aménagent un aérodrome en 1938. Au début des années 60, il est détenu par la compagnie pétrolière de Tripoli qui l'utilise pour le transport de son personnel entre le Liban et les pays arabes. Puis c'est l'armée qui en prend le contrôle en 1966 et le développe. Durant la guerre civile et jusqu'en 2005, la base devient le principal bastion nord de l'armée syrienne. Bombardées en 2006 par les Israéliens, ses infrastructures ont été réparées. Portant actuellement le nom du président assassiné en 1989, René Mouawad, l'aéroport est aux mains de l'Armée de l'Air libanaise. Il est équipé d'une piste de 3000 mètres et de plusieurs bunkers fortifiés. Il est question de rouvrir cet espace en tant qu'aéroport civil en vue de desservir la zone Nord du Liban.

La piste délaissée de Hamat
Pour remplacer la piste trop réduite de Jounieh, une autre, de 1800 m de long et de 120m de large, fut créée en 1976, à l'instigation du parti Kataëb, sur les hauteurs de Hamat, dans la région de Batroun, pour servir d'aéroport civil. Mais avant même qu'elle ne devienne opérationnelle et ne soit baptisée du nom d'Aéroport International Pierre Gemayel, elle fut occupée par les troupes syriennes qui l'utilisèrent pour leurs hélicoptères. Ce n'est qu'après leur départ, en 2005, que l'Armée Libanaise réinvestit les lieux, et s'en sert parfois pour ses hélicoptères.

Halate, de l'aérodrome à l'autoroute
En 1986, en pleine guerre civile, alors que l'accès à l'aéroport de Beyrouth était devenu risqué, le commandement des Forces Libanaises décide de hâter la mise en service d'un aéroport à Halate, au sud de Jbeil, pour desservir les régions est. Mais ce projet n'obtiendra pas l'aval des autorités tant pour des raisons politiques qu'à cause de l'exiguïté de la piste qui ne mesurait que 1600 mètres. D'ailleurs, pour la petite histoire, un as de l'armée française n'ayant pu atterrir qu'après trois tentatives traita les pilotes libanais de fous. La piste servira malgré tout de base auxiliaire à l'Armée de l'Air Libanaise entre 1983 et 1990. En 1991, l'aérodrome est reconverti en autoroute.

Baadarane, actuel terrain de jeu des aéromodélistes
Non loin de Moukhtara, dans le village de Baadarane, un nouvel aérodrome à destination militaire est aménagé durant la guerre civile par le parti druze, le Parti socialiste progressiste. La piste de seulement 850 m de long est agrandie en 2007. Cet aérodrome, le plus élevé du Liban, qui jouit d'une vue imprenable sur les montagnes du Chouf, sert aujourd'hui de terrain de jeu aux passionnés d'aéromodélisme.

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