#IWD2019

Stéphanie Jabre | 26/02/2019

Actu Ados

Journée de la Femme

C'est une année riche en actions qu'ont vécu les militants pour les droits de la femme au Liban. Mise au point avec Claudine Aoun, présidente de la CNFL et assistante spéciale du président de la République.

«Le plus grand défi relevé est la sensibilisation à la cause féminine grâce aux efforts et initiatives de la Commission Nationale de la Femme, des ONG issues de la société civile et du bureau du ministre d'État aux Droits de la femme, déclare Claudine Aoun. Les diverses actions menées sur le terrain, les campagnes d'éveil, les projets de loi présentés au Parlement, les nombreux accords de protocole signés, tous en faveur d'une plus grande participation de la femme dans la vie économique et politique du pays, sont des lueurs d'espoir pour l'avenir. Désormais, la femme est sur tous les fronts au Liban, et nul ne peut ignorer ses droits.
Nous avons collaboré avec les écoles, universités, partis, municipalités, etc. pour sensibiliser la population aux droits de la femme et à l'égalité des genres, à travers des «Gender course», explique-t-elle. Il est temps que les stéréotypes traditionnels de la femme soient brisés. La femme doit agir : elle doit être au 1er plan, une femme au pouvoir qui participe aux grandes décisions. Par exemple, au lieu de critiquer l'inertie de la municipalité de sa ville, pourquoi ne s'engage-t-elle pas dans le conseil municipal? Il faudrait augmenter le nombre de femmes dans les municipalités, au Parlement, au Conseil des ministres. Le changement est progressif. Il ne faut pas s'essouffler. Notre droit d'exister, d'être protégées sont des valeurs universellement reconnues, pourquoi-tardent-elles à être appliquées au Liban?» déplore Claudine Aoun.

La «Green Card» ou pré-nationalité
«Nous avons terminé un projet de loi qui confère à la femme le droit de transmettre sa nationalité. Nous allons bientôt le présenter au Premier ministre, annonce Claudine Aoun. Il y a beaucoup d'appréhensions autour de cette loi et des conséquences qu'elle peut engendrer quant au déséquilibre démographique, confessionnel, etc. Nous avons réclamé également la création d'une "Green Card": ce qui nous permet déjà de savoir qui sont les personnes intéressées à acquérir la nationalité, cinq ans après avoir obtenu la Green Card. Nous tenons à ce que la procédure soit transparente: le dossier passe directement chez le juge pour une enquête judiciaire et sécuritaire. Il ne s'agit pas d'exclure des personnes de cette formalité mais nous voulons d'une part, calmer les craintes de la population et d'autre part, rendre justice aux citoyennes libanaises privées du droit de transmettre leur nationalité à leurs enfants, qui ont grandi au Liban et sont engagés dans le pays. Grâce à la Green Card, ces personnes peuvent acquérir des droits sociaux, de travail, etc. en attendant d'obtenir des droits politiques. Pourquoi ne pas réduire la discrimination, diminuer la souffrance de ces personnes, et les aider à changer de vie? Quant au décret de naturalisation, nous avons réussi à le communiquer grâce à un président que les attaques et les critiques n'empêchent pas d'agir», lance Claudine Aoun.

La hotline: 1745
Depuis le mois d'octobre dernier, les Forces de la Sécurité Intérieure ont mis en place une ligne verte, la 1745, pour signaler de façon anonyme tout cas de violence domestique dans son foyer, dans son quartier ou autre. «Avant l'instauration de la hotline, la femme devait prendre son courage à deux mains et aller chez le procureur général porter plainte contre une violence domestique dont elle était victime. Je tenais à la création de la ligne verte parce que c'est une application de la loi 293 pour la protection de la femme et des membres de sa famille», assure Claudine Aoun.

One stop center
«Après un lobbying effectué auprès des généraux du Conseil de sécurité et des FSI, nous attendons le vote pour la création d'un "One stop center" en faveur de la loi 293 qui protège la femme de la violence domestique, raconte Claudine. Ce centre offrira à la femme agressée l'aide et l'appui dont elle aura besoin auprès du médecin, de l'assistante sociale ou toute autre personne.»

Dilily à Paris
La CNFL en partenariat avec le ministère de l'Éducation organise un projet-pilote, la projection du film Dilili à Paris, dans 20 écoles publiques afin de sensibiliser les jeunes à toute forme de violence physique ou morale et leur faire comprendre que la violence est interdite sous toutes ses formes.

Les femmes, la paix et la sécurité
«Pour ce thème mis en place par l'ONU pour la résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, nous avons préparé un plan d'action. Il sera présenté en mars à la Commission of the status of women à la "UN Women" après le vote du gouvernement, précise Claudine. C'était une approche participative et efficace car chacun y a mis son grain de sel, raconte Claudine. L'objectif principal de ce plan d'action doit répondre aux critères de la résolution de l'ONU: renforcer le rôle et la présence de la femme dans la négociation, la médiation et la réconciliation, soit dans la vie sociale, économique et politique pour le développement du pays», résume Claudine.

Le mois de la Femme
Le 8 mars, pour la Journée internationale de la Femme, la Commission nationale de la femme organise, en collaboration avec l'ambassadrice suisse, un concert en hommage à la femme intitulé Femmes compositrices. L'orchestre du Conservatoire du Liban dirigé par le maestro Harout Fazlian, interprétera à l'église Saint-Joseph, des morceaux de musique classique composés par des femmes libanaises et étrangères afin de mieux les faire connaître au public, explique Claudine Aoun. Habituellement, la musique classique est attribuée à des compositeurs et non à des compositrices. D'où l'originalité de ce concert. La journée sera marquée également par une campagne publicitaire en faveur des droits de la femme», ajoute-t-elle.
À noter également que le Liban présidera pour les deux années à venir l'Organisation des femmes arabes (AWO).
La fin du mois sera marquée par le «Women's race», course organisée par Beirut Marathon, en collaboration avec la CNFL. «Le parcours des 5 et 10 km sera tracé à l'intérieur du port de Beyrouth, un lieu méconnu à découvrir raconte Claudine. J'espère que les jeunes seront nombreux à participer au Marathon de la femme. D'ailleurs, j'aimerais dire aux jeunes de prendre soin de leur corps, de faire du sport pour rester en bonne santé. Profitez de votre jeunesse, suivez vos aspirations et vos rêves, sortez des sentiers battus. Ne vous laissez pas influencer. C'est vous seul qui pouvez choisir le rôle que vous voulez tenir dans la société. Consolidez votre personnalité et vos connaissances en participant à des ateliers et des formations. Et surtout, gardez votre optimisme et votre espoir, car vous êtes l'avenir de notre pays», conclut-elle.

* CNFL : Commission nationale de la femme libanaise. Site officiel : www.nclw.org.lb
#IWD2019: International Women Day (Hashtag de l'ONU).

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