Pour la protection de la faune sauvage au Liban

Stéphanie Jabre | 05/04/2019

Faune & Flore

Animaux

Le Liban possède plus de 30 espèces d'animaux sauvages. Pourtant la richesse de notre faune sauvage n'est pas préservée: le loup, l'hyène, le renard, le chacal, les oiseaux exotiques, les lièvres et tant d'autres sont persécutés et tués.

Au moins 70 cas d'animaux sauvages blessés ont été soignés durant ces derniers mois au Liban. Les atteintes portées à ces espèces de mammifères, de rapaces et de reptiles sont nombreuses surtout que la chasse n'est pas réglementée dans le pays. Chaque année, 2,5 millions d'oiseaux migrateurs ou non migrateurs sont chassés, et de nombreux genres d'oiseaux non comestibles sont retrouvés blessés sur le territoire libanais. Ces chiffres et cette réalité sont recensés par l'association «Lebanese Wildlife», 1re ONG au Liban dédiée à sauver et à préserver la vie animale sauvage.
«Nous sommes une équipe de six militants pour la conservation de la faune au Liban, raconte Dr Gaby Hilan, vétérinaire spécialiste en animaux domestiques et NAC* (Nouveaux animaux domestiques). Notre passion pour la nature et les animaux est notre principale motivation pour passer à l'action.» «Étant le seul vétérinaire au Liban à soigner les animaux exotiques, je sais aussi soigner les animaux sauvages, explique Dr Hilan. Mes collègues, spécialistes dans l'environnement, dans leur profession, ou sauveteurs volontaires dans d'autres associations pour les animaux domestiques, m'ont ramené récemment de nombreux animaux sauvages ou exotiques retrouvés blessés dans la nature, pour les soigner. J'en prenais soin dans ma clinique et une fois qu'ils étaient rétablis, je les libérais. C'est alors que m'est venue l'idée d'unir nos efforts et de créer "Lebanese Wildlife" afin de réhabiliter tous les animaux sauvages orphelins puis de les libérer sains et saufs dans leur milieu naturel.»
«Il n'existe au Liban, jusqu'à présent, aucune ONG engagée pour la cause des animaux sauvages. Malheureusement, la peur et l'ignorance vis-à-vis de ces espèces ont fait naître des idées erronées et des préjugés qui poussent les Libanais de génération en génération à vouloir exterminer toute race d'animaux sauvages. Ignorant leur utilité dans l'écosystème et munis d'armes, ils les tuent ou les blessent. Nous aimerions initier les jeunes à des valeurs plus "humaines" envers ces animaux, et les sensibiliser au respect et à la préservation de la faune au Liban», précise Dr Gaby Hilan.

Un centre de réhabilitation au Liban
Cette année, «Lebanese Wildlife» a recueilli et soigné 56 animaux sauvages qu'elle a relâchés par la suite. Cependant d'autres nécessitent une plus longue convalescence, leurs blessures parfois peuvent être irréversibles. Ils ont besoin de soins réguliers, d'où l'urgence pour le comité de l'ONG de créer un centre de réhabilitation de la faune sauvage au Liban. «Ces centres existent dans tous les pays du monde et sont assurés et gérés par l'État. Ce n'est pas le cas au Liban, déplore Dr Gaby Hilan. Notre projet est de bâtir le 1er centre de réhabilitation pour animaux sauvages au Liban. Nous avons trouvé le terrain. Nous avons besoin de fonds pour construire un bâtiment et une volière. Le crowdfunding lancé en ligne sur notre page Facebook est le 1er moyen pour atteindre notre but. Chaque dollar versé nous aide», assure Dr Gaby Hilan.

La faune sauvage: un trésor pour la nature
«Lebanese Wildlife» est de plus en plus active sur le terrain. Nous organisons des séances d'éveil et de sensibilisation, des conférences et des expositions dans les écoles.
«C'est l'ignorance et la peur qui amènent les gens à fuir ou à tuer nos animaux, explique Dr Hilan. Souvent, j'amène dans les classes des animaux exotiques tels que des furets, des cochons d'inde, des reptiles inoffensifs, des oiseaux en cage, etc. pour que les élèves n'aient pas peur en les voyant, et surtout pour qu'ils les connaissent, qu'ils les aiment et les respectent.»
Chaque espèce a son rôle dans la nature: par exemple, les oiseaux migrateurs attaquent les rats ou les reptiles. En tuant ces oiseaux on contribue à la multiplication des rongeurs. Rares sont ceux qui savent que les serpents au Liban ne sont pas tous venimeux et que tous n'attaquent pas l'être humain. Il n'existe au Liban que 3 espèces de serpents dangereux et ils ne vivent qu'à 1700 mètres d'altitude. Le « grey wolf » est très beau à voir et il existe au Liban, tout comme le chacal.
«Savez-vous que notre animal national est l'hyène tachetée? Et qu'il n'en existe que 10000 dans le monde entier. C'est une espèce rare qu'on cherche à tuer au Liban au lieu de la préserver. Nul ne sait que l'hyène est un animal peureux qui fuit l'homme. On ignore aussi que c'est un carnassier, un "nettoyeur" de la nature, qui aide à éliminer le risque de propagation de maladies et de virus puisqu'il se nourrit de ce qui est mort dans la nature. Chaque animal sauvage contribue donc à la chaîne alimentaire dans son milieu, assure Dr Hilan. Leur présence est le signe d'un environnement sain. En tuant un animal, on brise un maillon de la chaîne. Protégeons-les et aidons-les à trouver leur voie sans les tuer», conclut Dr Gaby Hilan.

* Pour regarder des vidéos de sauvetage d'animaux sauvages au Liban, et entrer en contact avec l'association : Facebook et Instagram : Lebanese Wildlife
Pour faire un don et aider à la construction du 1er centre de réhabilitation d'animaux sauvages au Liban :
http://www.zoomaal.com/projects/lw/67648?ref=167110008

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