Breakdance, nouveau sport olympique ?

Maria PASCALIDES | 05/04/2019

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Dossier

Les organisateurs de Paris 2024 ont officiellement proposé le breakdance comme nouvelle discipline au programme des JO de Paris 2024. Le Comité international olympique (CIO) ne validera la proposition qu'en décembre 2020.

Si le breakdance est accepté en tant que discipline au programme des jeux de Paris 2024, ce serait une première aux Jeux olympiques. Déjà les breakers, B-boys et B-girls, ces danseurs qui se contorsionnent avec une incroyable agilité aux rythmes puissants de la musique, sont enthousiastes à l'idée que le breakdance devienne un futur sport olympique. Voyant que l'escalade, le surf et le skateboard ont été acceptés en tant que disciplines au JO de Tokyo 2020, ils sont optimistes.
Ce qui leur fait penser qu'il y a de grandes chances que leur rêve se réalise, c'est que cette danse à l'aspect acrobatique avec ses figures au sol, est déjà apparue au Jeux olympiques de la jeunesse de Buenos Aires en 2018, sous forme de duels «battles» départagés par des juges.
Ce style de danse plaît énormément aux jeunes. Faire de cet art urbain un sport olympique pourrait ainsi rajeunir l'audience des JO. C'est un des critères qui a encouragé les organisateurs, à le proposer tout en invitant aussi l'escalade, le surf et le skateboard au programme des JO de Paris 2024. Le choix de ces sports n'est pas anodin. Il répond au souhait des organisateurs de «se connecter aux sports qui cartonnent partout dans le monde pour apporter aux Jeux une dimension plus urbaine, plus sport de nature, plus artistique et faire souffler un vent nouveau sur les JO», a souligné Tony Estanguet, patron de Paris 2024.

Le Bronx, berceau du breakdance
Le breakdance est né au début des années 1970, à New York, plus exactement dans les quartiers du sud du Bronx, en ruines à l'époque. Les immeubles abandonnés étaient détruits ou en cours de destruction, des monticules de gravats de pierre s'étendaient à perte de vue. Ici, vivaient des populations d'origine afro-américaine qui n'avaient ni travail, ni revenu. La drogue et les gangs étaient, pour la majorité, un des seuls moyens de gagner de l'argent, d'exister et d'avoir une place dans un groupe.
Au cours de cette période, le Bronx était aussi connu pour être un des lieux réputés de la musique, le berceau de nombreux styles musicaux: Salsa, Mambo, Funk, Disco.

Les débuts du breakdance
Les premiers B-boys/Breakers sont apparus dans cet environnement grâce au DJ Kool Herc, immigré jamaïcain, habitant le sud du Bronx qui a introduit l'art du Sound system. Il mettait dans sa voiture ou sur le toit de sa camionnette d'énormes enceintes et de gigantesques amplis raccordés à deux platines et une boîte de mixage. Il se déplaçait dans les rues du Bronx avec sa voiture en mettant la musique et en invitant les habitants du quartier à venir à ses soirées, ses «jams». Ces grandes fêtes étaient organisées, sans autorisation préalable, dans des coins de rues, sur des terrains vagues, au bas d'immeubles dégradés, laissés à l'abandon par leurs propriétaires. Amoureux de la musique, Kool Herc n'avait qu'un but: faire la fête, danser et unir les habitants du Bronx grâce à la musique. Break-beat, Boogie blues, Disco, Salsa Mambo, Reggae, n'importe quel type de musique était bienvenue pourvu que ça groove, que ça swingue, que ça balance et que l'on danse de façon énergique dessus.
Le breakdance débute sur la musique Funk de James Brown. Les danseurs font des pas rapides avec leurs pieds, passant de l'un à l'autre. On ne sait pas ce qui va les pousser à descendre au sol. Est-ce les films populaires de Kung fu, l'art martial chinois, la capoeira ou les danses traditionnelles cosaques ? Les hypothèses sont nombreuses.

Les principes du breakdance
Le breakdance est une danse qui se pratique en solo, en général, au milieu de personnes disposées en cercle. Chacun à son tour, les danseurs font des passages. Chaque passage se déroule de la manière suivante: le danseur s'avance au milieu du cercle et effectue des mouvements de jambes rapides: le «toprock». Le danseur s'échauffe, il réagit à la musique et fait de la place pour continuer ses figures. Ensuite, il descend au sol. Alors que ses mains sont par terre, ses jambes courent autour de son corps et effectuent des figures: «footwork» ou «passpass». Enfin, le danseur effectue des figures «gelées» debout ou de manière acrobatique au sol: les «freeze», une manière de prendre la photo. Plus tard, les «powermoves» seront introduits. Ils mettent en avant la vitesse d'exécution du breaker, sa force physique ou sa créativité à enchaîner de manière originale ses figures.

L'esprit de gang
En général, chaque danseur fait partie d'une troupe, couramment appelée «crew». Ayant été à la base développée dans les quartiers difficiles du Bronx, cette danse en a conservé un esprit de gangs. Ainsi les crews se défient les uns des autres: il s'agit de «battles». Les deux crews se font alors face et font des passages chacun à son tour. Le vainqueur est choisi par le public. Très vite, se sont organisées des «battles» officielles, jugées par des danseurs-arbitres. La plus connue reste la compétition internationale Battle of the Year qui se tient en Allemagne tous les ans. Verrons-nous aussi des battles aux JO de Paris 2024? Affaire à suivre.

Toprock, drop, footwork, freeze et powermove
Il n'y a pas d'ordre précis à respecter. Le danseur peut commencer par des footwork, mélanger des powermoves, se relever, danser en toprock et finir par un freeze. L'ordre n'a pas d'importance tant que le tout est effectué sur la musique et sur le tempo, avec de l'énergie, de la finesse, du style et de l'originalité.

À savoir
Breaks est la partie solo jouée par le batteur pendant une vingtaine de minutes avant que les autres instruments ne reprennent la musique. Les Break-boys ou B-boys dansent sur les Breaks.

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