17/12/2023
Début avril, la délégation libanaise, forte de 80 joueurs, a participé au Championnat asiatique de rugby, dans la Division trois Ouest. Coachée par un Britannique, l'équipe nationale emmenée par son capitaine Karim Jammal (pro en Italie) et forte de quelques «expats» parmi lesquels les deux frères Abood, australo-libanais, s'est inclinée en finale face au Qatar 13-10, dans les dernières minutes du match. Si les seniors, tenants du titre et vainqueurs de ces championnats à plusieurs reprises n'en étaient pas à leur première compétition internationale, ce déplacement à l'étranger était un baptême du feu pour les filles, les -14 ans, les -16 ans et les -18 ans qui se sont pratiquement toutes fait battre par les équipes qataries essentiellement composées de Britanniques, de Marocaines...
Passionné par le rugby, Laurent (25 ans) qui a joué durant trois ans au Canada avec l'université d'Ottawa, évolue au sein des Jamhour Black Lions et de l'équipe nationale. Avec son camarade Cyril Irani, tous deux très investis dans ce sport, ils entraînent les juniors et les filles des clubs de Jamhour et des Blue Stars et y trouvent le plus grand plaisir. «Ils sont hyper motivés, passionnés et les équipes de Jamhour (juniors et senior) ont tout raflé cette année bien que coachés par eux-mêmes». Seul souci avec les juniors, gérer l'angoisse des parents qui trouvent ce sport violent. «Ils sont contents de voir leurs enfants faire du sport, mais à la première entorse ou blessure, certains jeunes ne reviennent plus». En effet, Laurent reconnaît qu'il est facile de se blesser comme dans d'autres sports d'ailleurs. Il a lui-même été opéré deux fois du genou et une fois du pouce.
Le rugby, un sport de hooligans pratiqué par des gentlemen?
«Le football est un sport de gentlemen pratiqué par des hooligans et le rugby est un sport de hooligans pratiqué par des gentlemen». Cette citation du film Invictus défend le rugby face aux accusations de violence. Mais un joueur de rugby a intérêt à être un minimum costaud pour supporter les impacts des placages, luttes et poussées. Reste que les trois qualités essentielles d'un bon joueur sont l'explosivité, la vitesse et la puissance pour assurer les accélérations, les changements de direction. Mais la différence se fait sur l'intelligence, la capacité à s'adapter et à réagir dans la difficulté. Pour renforcer leurs corps et éviter les blessures, les joueurs fréquentent assidûment les salles de fitness. Le rugby est peut-être le seul sport où les matchs se prolongent par la mythique «troisième mi-temps ». Il s'agit d'un moment de convivialité partagé entre coéquipiers et adversaires autour d'un repas à la fin d'un match. Un moyen de souder les hommes entre eux et d'apaiser les tensions générées par «le combat». À court de locaux, quelques seniors du club de Jamhour ont ouvert le «Den» (tanière ou maison du lion) à Mar Mikhael où ils accueillent cette fameuse troisième mi-temps et où se retrouvent tous les fans de rugby pour regarder les retransmissions de matchs internationaux.
Naissance et essor du rugby au Liban
Le Liban connaît les premiers balbutiements de ce sport en 1995, à la demande de l'ambassade britannique d'organiser un match pour affronter les joueurs du HMS Cardiff, premier navire de guerre de la Royal Navy à se rendre au Liban en 27 ans. C'est une bande d'expatriés parmi lesquels les frères Alex et Mike Jammal (président actuel de la fédération) qui fondent alors Le Beirut Phoenicians Rugby Club pour jouer ce match face à l'équipe britannique. Ce n'est qu'en 2009 que la fédération est créée. Elle compte actuellement cinq clubs: Blue Stars, Beirut Phoenicians, Jamhour Black Lions, Jounieh Dragons et les Froggies Beyrouth. Depuis 2018, elle est affiliée à la World Rugby. Le rugby scolaire est lancé en 2003 et connaît un engouement exponentiel. Cinq collèges: Jamhour, American Community School, International College, Broummana High School, Saint Joseph Aintoura et deux académies forment les jeunes de 8 à 20 ans. Comme pour tous les sports au Liban les clubs font face à deux difficultés majeures: le financement et le manque de terrains adéquats. Les terrains de foot équipés de poteaux de rugby font l'affaire à condition d'avoir du gazon naturel, sinon du gazon synthétique mais uniquement de la troisième génération.
