Le premier jardin botanique au cœur de Beyrouth

Maria PASCALIDES | 27/05/2019

Environment

Liban

Le campus de l'Université américaine de Beyrouth a été classé «Jardin botanique» par Botanical Gardens Conservation International. Visite guidée* avec Monica Fabian, professeur au département de paysagisme à l'AUB, pour découvrir l'histoire du campus et ses plantes.

L'Université américaine de Beyrouth (AUB), située au cœur du quartier de Ras Beyrouth, préserve derrière ses murs, un environnement naturel unique. Sa flore luxuriante, ses sentiers pittoresques qui sillonnent le campus, en font un lieu privilégié de la capitale envahie par le béton.
Les premiers arbres ont été plantés sur le campus en 1866, date de la fondation du Collège syrien protestant qui a pris le nom de: Université américaine de Beyrouth, en 1920. C'est sur une colline rocheuse qui s'étend sur 250000m2 face à la Méditerranée, que furent construits les premiers bâtiments: le College Hall, sa tour-horloge et l'École de médecine. Ce terrain nu, peu propice à la plantation, n'a pas découragé la direction de l'AUB. Des trous creusés dans le sol rocheux ont été remplis de terre. Arbres et arbustes ont été plantés et au fil des années, un des plus beaux jardins au Liban a été aménagé. En 2016, 150 ans après la fondation de l'AUB, le jardin a été classé «Jardin botanique», le premier au Liban. L'association caritative britannique BGCI (Botanical Gardens Conservation International) qui lui a conféré ce label, possède le plus vaste réseau de jardins préservés, soit 800 jardins botaniques répartis dans 118 pays.

Un environnement unique
«Pour obtenir et conserver ce label, il faut bien sûr répondre à plusieurs critères, explique Monica Fabian. Il faut d'abord compter un grand nombre de plantes dans le jardin. C'est le cas à l'AUB où l'on a répertorié 200 espèces soit 10 000 arbres et arbustes natifs des régions méditerranéennes et de la zone subtropicale», précise Monica.
«Vous trouverez ici à côté du chêne, du caroubier, du pin, du cyprès, du palmier méditerranéen, l'arbre dragon et les palmiers des îles Canaries, différentes espèces de ficus natifs d'Asie, l'arbre de Bouddha, l'eucalyptus d'Australie, le jacaranda natif d'Amérique du Sud, la Bauhinia... Notre objectif est de faire pousser, sur le campus, 400 nouvelles espèces, d'ici 50 ans», ajoute Monica en souriant.
L'herbier et la banque de semences que l'AUB possède déjà sont aussi exigés par le BGCI. Les arbres sont étiquetés comme demandé. Des actions doivent être prises aussi pour entretenir le jardin de façon durable.
Un comité formé de 35 personnes, experts en biologie, agriculture, éducation, management et personnel administratif, gère la conservation de la nature sur le campus et travaille à la promotion de pratiques de jardinage durables. «Aucun arbre ne peut être coupé, élagué, planté sans l'approbation du comité», souligne Monica.
«Prochainement, nous allons disséminer dans le jardin des abris pour les coccinelles, conçus par les étudiants, pour lutter contre les insectes nuisibles, comme les pucerons, et bannir les pesticides.»
Ce jardin pourrait servir de modèle à d'autres espaces verts qui tireraient profit de cette expérience pour créer à leur tour des jardins botaniques à travers le Liban.

* Cette visite est offerte par l'Agenda Culturel grâce au soutien d'Alfa télécom.

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