Éduquée par des parents qui lui ont appris à compter sur elle-même et à être indépendante, c'est tout naturellement qu'Amalie décide, à l'âge de 13 ans, de joindre, seule, une association en Inde «Me to We» qui construit des écoles et aide les enfants dans leur éducation. «J'avais beaucoup voyagé dans mon enfance. Je savais que je pouvais compter sur moi-même. Mes parents stressaient à l'idée de me voir prendre l'avion toute seule à 13 ans. Moi pas, admet-elle en riant. Aujourd'hui avec le recul, je réalise que ce n'était pas aussi évident que ça ! »
De cette aventure qui lui changera complètement sa vision du monde, elle sort toute bouleversée. «Je n'avais jamais imaginé qu'il y aurait autant de misère dans le monde, se souvient-elle encore émue de ce qu'elle a vu. Nous étions logés dans des cabanes dans une réserve à la campagne. On se réveillait tôt le matin, on mangeait le repas traditionnel des habitants et on se dirigeait vers un village très pauvre situé à des kilomètres de la ville, pour aider à construire une école ou on visitait des familles dans le besoin». Et là, le choc! «Ces gens n'avaient absolument rien : ni nourriture, ni eau potable, ni électricité. Ils ne mangeaient tous les jours que du pain sec et devaient faire des kilomètres pour ramener de l'eau potable. Le chemin de l'école était un calvaire pour les enfants. Ils devaient marcher plus de deux kilomètres souvent dans la brousse et les chemins rocheux avant d'arriver en classe, où ils sont assis à même le sol dans une chaleur épouvantable! Et moi qui râle pour me lever tous les matins et prendre l'autocar qui m'accompagne jusque devant la porte ! La seule richesse que possèdent ces gens, ce sont leurs animaux. Ils dormaient avec eux dans une minuscule pièce pour les protéger des autres animaux de la jungle qui risquent de les attaquer la nuit. Avec les excréments des vaches, ils construisaient leurs maisons complètement délabrées».
Il est plus facile de mourir que de se soigner
Chaque jour amenait son lot de surprises et de misères extrêmes à la petite fille qui découvre un monde qu'elle ignorait totalement. «Tout est tellement compliqué pour eux, que même lorsqu'ils sont malades, il est plus facile de mourir que d'appeler un médecin qui habite à des milliers de kilomètres, raconte Amalie en relevant la gentillesse de ce peuple et leur soumission face à leur misère et leur extrême pauvreté. Ces gens n'ont rien, manquent de tout et ne se plaignent jamais. Leur seul souci, c'est leur survie au quotidien, et nourrir leurs bêtes qui est leur raison de vivre. Nous, nous possédons tout, râlons tout le temps et en demandons toujours plus. Ce jour-là, j'ai réalisé la chance que j'avais. Et j'ai compris que je ne serai plus jamais la même».
Sauver l'environnement en Thaïlande
Il y a un mois, Amalie décide de prendre un nouveau chemin dans sa vie. Amoureuse de la nature et de l'environnement, c'est tout naturellement qu'elle s'inscrit auprès de l'association «The Rain Forest», qui s'occupe de la sauvegarde de l'environnement et de la planète. Avec 15 autres jeunes âgés de 15 à 18 ans venus des quatre coins du monde, elle se lance à l'assaut de la faune et la flore de ce pays, avec comme but la conservation des forêts tropicales et de la vie maritime, dans un village éloigné et pauvre de la Thaïlande. But: sauver les poissons menacés de disparition à cause des déchets toxiques et de la pollution. «Toute l'économie et la survie de ces villages reposent sur la pêche, explique Amalie. Pour eux, la disparition de ces poissons est une catastrophe tant pour leur famille que pour des villages entiers, car ils seront privés de nourriture». Pour aider au repeuplement des eaux, les villageois construisent des coraux artificiels, dans d'énormes moules en ciment, qui constituent un refuge sain pour les poissons qui pourront se reproduire alors, loin des débris toxiques de la mer. «Pour eux, la construction de ces coraux est une question de survie car la pêche et les poissons, représentent leur unique source de nourriture, précise Amalie en racontant ces journées auprès des villageois. Tous les matins, on se levait à l'aube pour les aider, parfois sous une chaleur torride. C'était excessivement fatigant, mais très enrichissant. Il y avait une cohabitation et une entraide extraordinaires entre ces gens pauvres qui s'unissent dans leur misère pour sauver leur environnement. D'ailleurs, ils sont beaucoup plus respectueux et avancés en matière de protection de l'environnement, que la plupart des pays développés », tient-elle à préciser. 15 jours durant, elle a sillonné différents villages, a entrepris plusieurs projets pour sauver l'environnement et reconstituer la faune et la flore dans des conditions climatiques souvent pénibles. « Nous avons planté des arbres qui poussent dans l'eau et permettent aux poissons de s'y loger. Nous avons dormi dans une jungle qui abrite 5% de la biodiversité mondiale, avec des espèces rares en voie de disparition. Les villageois se battent pour la conserver car elle fait partie de leur histoire et de leur patrimoine. Nous nous sommes baignés avec des éléphants retraités que les villageois préservent et soignent».
De petites actions pour changer les choses
Depuis trois ans déjà, Amalie entreprend de petites actions pour améliorer le monde qui l'entoure mais surtout initier les gens à la sauvegarde de l'environnement. À l'aube d'entamer son avenir, elle sait pertinemment bien ce qu'elle voudrait faire plus tard: «Travailler dur pour amasser de l'argent et aider les autres à sortir de leur misère, mais surtout sauver la planète, et mon pays, de cette agonie lente que les grands de ce monde imposent», ajoute-t-elle déterminée. Entre-temps, c'est le chemin de l'école qu'elle s'apprête à prendre en attendant de se lancer à l'assaut d'un autre coin du monde, pour une aventure encore plus enrichissante.