Mission «Népal»

Stéphanie Jabre | 25/10/2019

actu ados

Initiative

Quarante jours de volontariat dans un orphelinat de 90 enfants au Népal. Voilà qui résume bien les dernières vacances de Farah Chihane et Sacha Zeinoun qui ont vécu un été marquant.

Elles ont 19 ans. Anciennes élèves de la Sainte Famille Française Jounieh qu'elles ont quitté depuis deux ans, elles étaient impressionnées et émues ce matin-là devant leurs cadets, en racontant leur mission. «À l'école, nous étions toujours habituées à vivre, chaque année, des projets sociaux, raconte Farah Chihane. Nous visitions des personnes âgées, ou accueillions des enfants défavorisés. Et cela nous rendait sereines de voir les autres heureux. C'est le témoignage d'une responsable au MEJ*, partie vivre une mission en Éthiopie qui nous a fait rêver... Ce jour-là, Sacha et moi avions décidé que lorsque nous serions plus âgées, nous irions en mission. Nous savions que ce serait une expérience unique qui nous marquerait à jamais.»

Des préparatifs mouvementés
Le voyage en mission de Farah et Sacha était d'abord prévu pour le Sri Lanka. L'ONG AIESEC**, qui organise aux jeunes étudiants des expériences de mission à l'étranger, les avaient mises en contact avec un orphelinat sri-lankais. «Nous avions acheté les billets d'avion, affirme Sacha Zeinoun, malgré les réticences de nos parents qui trouvaient ce projet dangereux. Un mois avant le départ, tout a basculé: les bombardements qui avaient éclaté au Sri Lanka nous ont empêchées de partir mais pas à renoncer à notre projet.
«Nous étions si déterminées que nous avons tout repris de zéro et convaincu nos parents. Nous étions décidées à surmonter tous les obstacles», assure Sacha.
Nos deux jeunes missionnaires ont alors opté pour le Népal. Contacts établis, billets achetés, vaccins faits, elles ont même organisé une collecte massive de dons pour les enfants, à travers les réseaux sociaux. «L'orphelinat qui nous accueillait, nous logeait et nous nourrissait gratuitement, précise Farah. Les responsables nous avaient demandé d'apporter uniquement des jouets et des provisions pour les enfants. Nous étions séduites par l'intérêt qu'ils portaient à leurs petits. La compagnie aérienne nous a offert 30 kg supplémentaires pour pouvoir transporter toutes les donations que nous avons réussi à collecter.»

Des débuts périlleux
Dès leur arrivée au Népal, Farah et Sacha n'étaient pas au bout de leurs peines. L'orphelinat situé sur une montagne élevée avait été le théâtre de pluies diluviennes. La grande cour de l'établissement s'était effondrée. «Plus il pleuvait et plus la terre s'enfonçait, ce qui rendait la situation encore plus dangereuse, explique Sacha. Nous n'avons pas osé prévenir nos parents ou l'ONG pour que notre mission ne soit pas à nouveau annulée ! Arrivées depuis seulement deux jours, nous nous étions déjà attachées aux enfants et nous ne voulions pas quitter.»
Les jeunes aidaient donc les enfants à transporter des pierres pour qu'elles ne s'écroulent pas sur d'autres maisons situées sur la colline. «Durant ces premiers jours de tempête, l'attitude des enfants nous a beaucoup touchées. Malgré le danger, ils restaient calmes et cherchaient à nous rassurer, confie Farah avec émotion. Nous avions peur que le sol ne s'affaisse sous nos pas. Un enfant s'est alors approché de nous et a murmuré qu'il nous protègerait. Leur gentillesse et leur générosité inconditionnées nous ont beaucoup émues: les Népalais nous considéraient comme leurs invités et étaient à nos petits soins! Cela nous a beaucoup rapprochées et nous nous sommes senties comme appartenant à une grande famille.»
Les jours suivants, l'adaptation fut plus facile pour nos jeunes volontaires qui pouvaient compter sur l'aide sans faille des enfants et des habitants: «En week-end, quand nous partions découvrir la région, nous aurions pu nous perdre. Peu d'autochtones comprenaient l'anglais. Mais ils étaient toujours prêts à nous indiquer le chemin et à nous accompagner pour s'assurer que nous arriverions à bon port», ajoute Sacha.

Fruits récoltés
Participer à une mission change la vie. Nos deux jeunes étudiantes en ont eu la preuve. «Apprendre à compter sur soi-même, découvrir ses capacités, devenir plus indépendantes, résoudre les problèmes, voici les premiers fruits récoltés de notre mission, observe Farah. Nous avons également découvert un pays et sa culture. Notre mode de vie était paisible et adapté au rythme des journées passées à l'orphelinat: dormir comme eux, s'asseoir par terre, manger comme eux, frugalement, découvrir leurs traditions et leurs croyances. Le fait qu'ils pensent toujours à l'autre malgré le peu qu'ils possèdent nous a bouleversées : l'enfant partage son petit gâteau d'anniversaire avec tous ses amis, avant d'en manger ; chacun en reçoit une petite bouchée. Ils savent apprécier des petits riens».
«Nous avons eu également l'occasion de rencontrer d'autres volontaires venus d'Espagne, d'Allemagne et du Japon, raconte Sacha. Comme nous, ils avaient quitté leur pays, leur quotidien et leur confort, pour venir aider et donner de la joie aux enfants. Deux familles espagnoles qui envoient de l'argent durant toute l'année à l'orphelinat, consacrent deux semaines chaque été à ces enfants. Cette ouverture au monde était enrichissante.»

Pourquoi aller en mission?
«Pour se découvrir, devenir plus autonomes et partager cette expérience avec des personnes qui ont une vision semblable», répond Sacha. «Chacun peut avoir un impact sur le monde: qu'on fasse une mission au Liban ou ailleurs, notre action influencera positivement les gens autour de nous: famille, amis, entourage, école. Quand on voit quelqu'un faire du bien et qu'il est heureux, c'est contagieux: on aura envie de vivre la même expérience. Ainsi, le groupe de missionnaires grandira pour semer le bien dans le monde», conclut Farah.

* MEJ : Mouvement Eucharistique des Jeunes.
** AIESEC : page Facebook AIESEC Lebanon.

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