Cent quarante incendies ont été recensés dans le pays entre lundi 14 et mardi 15 octobre. Combien d'hectares ont brûlé? Combien d'arbres ont été réduits en cendres? Aucun chiffre officiel n'a encore été avancé. Ce qui est sûr c'est qu'il y a eu des milliers de pins sauvages, chênes, sapins, cèdres et arbres fruitiers calcinés. La biodiversité, richesse nationale, est partie en fumée. Les feux ont touché les zones d'habitations et de nombreuses personnes ont été évacuées. Les écoles et les universités ont été fermées. Des voitures ont été calcinées. Des lignes de haute tension et des infrastructures téléphoniques ont été endommagées. De nombreux cas d'asphyxie et d'évanouissement ont été recensés et un homme, qui avait combattu le feu, est mort.
Aucune mesure préventive n'avait été prise
Les fortes chaleurs accompagnées de rafales de vents ne sont pas les seules responsables de la catastrophe. L'ampleur des incendies est due à l'absence de mesures qui auraient dû être prises en amont par les municipalités et ministères concernés. Il est impératif que la mise en place de réserves d'eau artificielles comme celle de Zaarour soit généralisée pour que l'eau soit directement disponible en cas d'incendie. Des sentiers doivent été aménagés au sein des forêts, pour faciliter l'accès des véhicules de pompiers. Les surfaces boisées doivent être défrichées en été pour réduire les matières végétales (brindilles, herbes et feuilles desséchées...) hautement inflammables. «Cette année, ajoute Magda Bou Dagher Kharrat, directrice du département de sciences de l'USJ et co-fondatrice et présidente de l'ONG Jouzour Loubnan, grâce aux pluies abondantes de l'hiver, les plantes ont poussé de manière remarquable, mais elles ont constitué, en été, une importante biomasse inflammable. Ce qui a aggravé le problème.» Enfin, et surtout, il est important de sensibiliser les Libanais aux risques d'incendies pour qu'ils adoptent un comportement plus responsable lorsqu'ils sont dans la nature. Les pique-niques avec barbecues mal éteints, les mégots de cigarettes, le verre jeté dans la nature sont aussi des causes d'incendies.
Bombardiers d'eau inopérants
Les pompiers et la société civile ont fait de leur mieux pour éteindre les feux avec les moyens de bord. Les hélicoptères de l'armée qui ne peuvent transporter que 600 à 800 litres, devaient effectuer de multiples allers-retours pour puiser l'eau de mer, perdant un temps précieux. Si les trois canadairs que le Liban possède avaient pu être envoyés, les incendies auraient pu être mieux contrôlés. Or ces bombardiers d'eau étaient inutilisables n'ayant pas reçu la maintenance requise en raison des coûts élevés que celle-ci nécessite. Des bombardiers d'eau, chypriotes, grecs et jordaniens sont venus à la rescousse du Liban à la demande de son gouvernement. Les premières pluies de l'automne tombées mardi soir ont mis fin à la tragédie.
Reboisement
Pour Magda Bou Dagher Kharrat, «il faut laisser le terrain incendié intouché au moins durant un an car dans le sol repose une banque de graines qui pourraient renaître et être à l'origine d'une régénération naturelle de la forêt. La priorité aujourd'hui est de recenser les dégâts et de protéger ce qui reste en attendant un éventuel reboisement.»
Le reboisement peut se faire sur d'autres terrains qui n'ont pas été incendiés. «Rejoignez les campagnes de reboisement de Jouzour Loubnan ou adoptez un cèdre sur www.adoptcedar.org », propose Magda aux jeunes.