Cap sur les étoiles : les observatoires astronomiques

Patricia ANTAKI-MASSON | 29/11/2019

Patrimoine

Liban

Scruter le ciel et découvrir ses trésors lointains, l'œil collé au télescope, des moments de pur émerveillement auxquels nous invitent les observatoires astronomiques.

La contemplation par l'homme de cette immense coupole que forme le ciel remonte à la nuit des temps. La mise en place d'outils pour la scruter et la comprendre semble devoir être attribuée à l'homme préhistorique. À travers les âges, ont été inventés des dispositifs de plus en plus élaborés souvent abrités par des bâtiments à dôme, les observatoires. Notre pays dispose de quelques-uns: les plus anciens revêtent désormais une valeur patrimoniale; les plus récents invitent à explorer l'Univers.

Une étoile phénicienne
Lors de leurs célèbres navigations en Méditerranée, les Phéniciens n'ont pas manqué d'observer les astres. Ils se guidaient notamment grâce à une étoile de la constellation de la Petite Ourse, non l'Étoile Polaire mais plutôt celle appelée Kochab. Celle-ci était d'ailleurs connue dans le Monde Antique sous le nom de Stella Phoenicia.

L'observatoire Lee de l'AUB
Sur une hauteur du campus de l'Université Américaine de Beyrouth (AUB), fut édifié en 1874 l'un des plus anciens observatoires du Moyen-Orient. À l'origine de cette initiative, un médecin passionné d'astronomie, le Dr Cornelius Van Dyck. Le nom de l'observatoire est un hommage à un donateur britannique, Henry Lee. Toutefois, le bâtiment actuel date de 1894. Il est l'œuvre du professeur Robert H. West qui jugea nécessaire de remplacer l'ancien. Les observations qui y furent conduites par des générations de chercheurs furent d'ordre astronomique et météorologique. On y calculait entre autres les phases lunaires durant le mois de Ramadan. En 1910, on put même photographier la célèbre comète de Halley.
Le télescope, toujours présent, a toutefois perdu ses lentilles. Il est, hélas, hors service depuis 1979.

Ksara, l'ancien observatoire des Pères Jésuites
Tout au long de leur histoire, les missionnaires jésuites ont eu pour tradition d'encourager les sciences et ont ainsi créé, entre autres, des observatoires, aux quatre coins du globe. Au Liban, c'est en 1906 que le Père Bonaventure Berloty reçoit la mission d'en réaliser un. Son choix se porte sur le domaine viticole de Ksara, au cœur de la Békaa, à proximité de Zahlé, pour son altitude élévée, sa vue dégagée, son accès facile et surtout la pureté du ciel. Il débarque donc l'année suivante à Ksara et s'attelle aussitôt à la tâche, muni d'instruments achetés en France et en Angleterre: pendules, baromètres, lunettes astronomiques, théodolites et astrolabes. L'observatoire est ainsi établi dès 1907 comme centre scientifique relevant de l'Université Saint-Joseph (USJ) et restera fonctionnel jusqu'en 1979. Il sera utilisé principalement pour les observations météorologiques, sismologiques, magnétiques et astronomiques. La tour surmontée d'une coupole fut érigée en 1914 lors de l'acquisition d'une lunette équatoriale. Dépourvue aujourd'hui de ses instruments, elle se niche dans le cadre enchanteur du vignoble.

Observatoires et clubs universitaires
L'université Notre-Dame de Louaizé (NDU) s'est dotée en 2013, grâce au financement d'un homme d'affaires nigérian d'origine libanaise, Gilbert Chaghoury, de l'observatoire Farid et Moussa Raphaël. Le bâtiment abrite le plus grand télescope du Proche-Orient arabe, de la gamme Planewave CDK, pourvu d'un miroir de 60 cm de diamètre. L'université arabe de Beyrouth (BAU), établie sur les hauteurs du village de Debbieh, à une trentaine de km au sud-est de Beyrouth, détient un téléscope de 50cm de type Schmidt-Cassegrain.
L'Université Saint-Joseph (USJ) possède aussi un télescope qui n'est toutefois pas utilisé en raison du manque de personnel qualifié.
En plus des clubs d'astronomie de ces établissements, on compte celui de l'Université Libanaise (LU) et celui de l'Université Libano-Américaine (LAU). Les sorties nocturnes en plein air pour observer les étoiles sont aussi organisées par des compagnies privées comme Skytours Lebanon et Stargazing in Lebanon. Pour participer aux activités proposées, n'hésitez pas à retrouver ces groupes sur Facebook.

Bientôt, le plus haut observatoire de la région
Un projet ambitieux est en cours : l'installation d'un observatoire sur l'un des plus hauts sommets du Liban, à plus de 3073 mètres d'altitude, au Jebel Makmel, dans la région des Cèdres. Le télescope de 60cm récemment offert par les Japonais à la NDU n'attend plus que son nid qui devra être couvert d'un dôme de six mètres de diamètre.

Le ciel à portée de main au planétarium
Cela fait quelques années qu'une société privée, le Cosmic Dome, fournit des planétariums itinérants à vocation pédagogique. Installés sous un dôme, jeunes et moins jeunes s'émerveillent à la vue des magnifiques spectacles qui y sont projetés: une simulation du ciel et des astres permettant de mieux comprendre l'Univers. En ville, comme la pollution lumineuse masque les étoiles, ces dispositifs font redécouvrir aux citadins la voûte étoilée.

Les astres vus par les Orientaux
C'est sous le règne du calife abbasside Al-Ma'mun, au IXe siècle, que se développa le goût des Arabes pour les sciences, notamment pour l'astronomie. Al-Ma'mun fonda deux observatoires, l'un à Bagdad, l'autre à Damas. Un siècle plus tard, Al-Hakem, sultan d'Égypte fit construire, lui aussi, un observatoire au Caire. Mais le premier véritable observatoire connu comprenant des bâtiments est celui créé au XIIIe siècle par l'empereur mongol Hulagu dans la ville de Maragha en Iran. Deux siècles plus tard, un second grand observatoire est érigé à Samarcande par le prince Ulugh Beg. Enfin, un troisième observatoire est fondé à Istanbul au XVIe siècle par le sultan ottoman Murad III.

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