Art et loisirs à l’ère du numérique

Maria PASCALIDES | 26/12/2019

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Dossier

Les avancées technologiques ont changé notre mode de vie, dans une multitude de domaines: informatique, communication, sécurité, loisirs... Les technologies numériques se glissent aussi dans l'univers de la création artistique. Zoom sur les domaines artistiques et culturels 2.0.

Danse et numérique
Plusieurs chorégraphes réfléchissent depuis quelques années déjà sur les relations qui peuvent être développées entre le corps et les environnements numériques et s'interrogent sur la notion d'interactivité. Des logiciels ont été adaptés à la danse, comme ceux de la reconnaissance des gestes et d'autres à la création d'environnements virtuels. Le danseur est ainsi amené à évoluer avec l'autre même quand celui-ci est un avatar ou un clone, avec des visuels abstraits, dans des environnements entièrement virtuels. La présence du corps dans un espace interactif, où le danseur réel crée son environnement scénique est une expérience inédite pour le danseur et un spectacle étonnant pour le spectateur.
Parmi les plus récentes créations, Hakanaï, d'Adrien Mondot et Claire Bardaine. Ces deux artistes-informaticiens ont conçu pour leur spectacle un logiciel baptisé eMotion qui permet à une danseuse d'entrer en interaction avec des motifs virtuels animés en temps réel et projetés dans un cube. Alors qu'elle danse, il lui suffit d'un geste de la main ou du corps entier pour animer des figures géométriques dans l'espace et faire naître un monde à la limite entre l'imaginaire et le réel. Une preuve visuelle que mathématiques et informatique s'associent bien à la poésie et aux rêves.
Eve 2050, la composition chorégraphique signée Isabelle Van Grimde engage le spectateur à réfléchir sur le devenir de l'être humain et du corps à l'ère numérique, des avancées biomédicales et de l'intelligence artificielle. La scène grouille d'univers enchevêtrés. Les danseurs investissent l'espace mouvant et modulent, par leurs mouvements, l'environnement visuel et sonore. Ils dansent avec leurs clones, changent de visage ou de corps, plongent soudainement au cœur de leurs viscères ou de leur ADN. Cette œuvre se décline en 3 volets: Web-série et court-métrage, installation immersive et interactive et une œuvre scénique.
Dans Robot, Bianca Li, danseuse et chorégraphe, invite les robots Nao ne mesurant pas plus de 58 centimètres de haut, à partager la scène avec les danseurs. Ils chantent, parlent, dansent. On les commande en appuyant sur l'écran de tablettes, depuis les coulisses. Ce spectacle est une critique humoristique de l'intrusion grandissante de la machine dans le quotidien des êtres humains.

La peinture numérique
On la voit partout : dans les films, les bandes dessinées, les jeux vidéo, les publicités... La peinture numérique ou digital painting est réalisée grâce à un ordinateur, un traitement d'images, le plus utilisé étant Photoshop, et une tablette graphique avec son stylet. Avec ces trois outils, on ne manque plus de matériel: un pinceau plat, un rond, pastels, une mine de plomb, un fusain... En quelques clics, le stylet reproduit à l'écran les traits réalisés. Les couleurs sont, elles aussi, toutes présentes sur la roue chromatique. Il suffit de les sélectionner. Le digital painting s'applique aux illustrations dans certaines publicités, sur les livres... Il est également très prisé par l'industrie du film ou du jeu vidéo. Il permet de créer un ensemble de décors puis de les intégrer directement à des scènes filmées. Cette technique est devenue indispensable dans l'univers du cinéma pour aider les réalisateurs dans leurs créations. Les œuvres peuvent être réalisées à partir de photographies sur lesquelles l'artiste va peindre afin de créer des décors ou tout simplement une œuvre originale.

Les musées à l'ère du digital
Si vous voulez admirer de belles œuvres d'art sans vous rendre au musée, Google Art Project vous propose une visite virtuelle dans les principaux musées du monde en fonction de leur partenariat. L'Art se veut désormais plus immersif, comme en témoigne l'exposition des œuvres de Van Gogh qui s'est tenue à l'Atelier des lumières, à Paris. Les toiles du peintre étaient projetées dans l'intégralité des pièces d'une fonderie désaffectée, faisant vivre une expérience d'immersion inédite aux visiteurs.
De nombreux musées ont adopté la réalité augmentée via une application sur smartphone ou la réalité virtuelle par l'utilisation de casques VR.
Ces nouvelles technologies proposent des informations relatives aux œuvres visitées. Elles les remettent dans leur contexte, tout en ajoutant un aspect ludique à la visite. Les musées deviennent plus vivants. Les jeunes sont sensibilisés à l'art à travers une technologie qu'ils maîtrisent déjà.
Grâce à la numérisation des livres, des peintures et des sculptures, l'Art 2.0 s'admire désormais sur des écrans et devient plus accessible à un grand nombre de personnes. L'Art se démocratise.

Numériser le patrimoine culturel
Les nouvelles technologies sont aussi utilisées dans des projets pour numériser et garder en mémoire le patrimoine culturel (architectural et historique) en péril. Des reconstitutions en 3D sont réalisées pour conserver une trace de monuments et de sites détruits par les guerres.
Dans l'exposition «Cités millénaires» de l'Institut du monde arabe à Paris, le visiteur a survolé, grâce à des images 3D, les ruines de la ville de Mossoul. Il s'est faufilé dans les souks d'Alep en Syrie. Des trésors détruits à jamais. Deux autres sites archéologiques ont été retenus: Palmyre, en Syrie, et Leptis Magna, en Libye.
Cette exposition est une mémoire digitale pour les générations futures. Depuis deux ans, les plus grands sites syriens menacés par la guerre sont enregistrés dans une vaste base de données en ligne, en particulier 3D. Grâce aux images de synthèse, il est possible de visiter virtuellement le Krak des chevaliers, la citadelle de Damas, la mosquée des Omeyyades...

L'intelligence artificielle artiste-peintre
Toutes les toiles de l'exposition intitulée «Faceless Portraits Transcending Time» (Portraits d'anonymes transcendant le temps), ont été créées par l'ordinateur. Cette exposition, organisée par la galerie HG Contemporary à Chelsea, à New York, est le produit d'une collaboration entre une intelligence artificielle appelée Aican et son créateur, Ahmed Elgammal. Il s'agit de la première exposition individuelle consacrée à un artiste qui n'est autre qu'une intelligence artificielle.

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