La solidarité pour lutter contre la misère

Maria PASCALIDES | 01/04/2020

Liban

Dossier

Grâce au réseau de solidarité tissé par Beit el-Baraka, l'association caritative assure une vie décente à 328 familles libanaises qui se sont retrouvées démunies, à l'âge de la retraite. Elle leur offre le supermarché gratuit, un logement décent et les soins médicaux.

Comme tous les matins, le supermarché de Beit el-Baraka, situé à Karm el-Zeitoun (Achrafieh) grouille d'habitués qui viennent se ravitailler gratuitement : légumes et fruits frais, fromage, produits d'entretien... Aïda Bejjani qui gère les lieux, les conseille sous l'œil bienveillant de Maya Ibrahimchah, fondatrice de l'association Beit el-Baraka. Maya les reçoit avec un sourire radieux, leur souhaitant la bienvenue. Elle s'enquiert de chacun d'eux car elle connaît bien les 328 familles de retraités libanais à qui elle vient en aide. « Je ne veux pas qu'ils sentent que nous leur faisons l'aumône. Ici, nous les considérons comme des clients. Ils prennent ce dont ils ont besoin avec les points de la carte mensuelle que nous leur donnons. C'est eux qui gèrent donc leurs achats. Je veux préserver leur dignité. »

Les rayons du supermarché sont régulièrement approvisionnés grâce aux donations de sociétés alimentaires (Vincenti, Massoud, Zwan, Globus, les établissements Sarraf, Transmed, Bonjus, Taanayel...) Élias Khalil est responsable de la gestion des stocks.

« Beit el-Baraka se développe depuis sa fondation en décembre 2018, grâce à la générosité des amis et de mon mari », souligne Maya Ibrahimchah.

« Les ambassades ne nous soutiennent pas car nous ne venons en aide qu'aux Libanais, déplore Maya. Pourtant, les familles de Beit el-Baraka sont sélectionnées après avoir mené une enquête sociale minutieuse et effectué une visite à leur domicile. Nous nous assurons qu'ils ne travaillent plus, qu'ils ne possèdent pas de biens et qu'ils ne reçoivent aucune aide. »

Offrir un logement décent
Au Liban, les personnes qui travaillent dans le secteur privé ou qui ont un métier libéral ne bénéficient plus, une fois à la retraite, de couverture sociale. Ils peinent à se faire soigner. Les séniors représentent, au Liban, la catégorie de la population la plus vulnérable. Leurs indemnités leur suffisent à peine à joindre les deux bouts. Ils doivent donc quitter leur appartement pour se reloger dans des chambres insalubres où les dégâts des eaux sont fréquents et le courant électrique coupé.

« Parmi les membres des familles de Beit el-Baraka, nous avons des maçons, des peintres, des plombiers... Ils nous aident, moyennant un salaire, à rénover les lieux, installer les équipements sanitaires, l'électro-
ménager. Souvent, nous offrons les meubles, que nous avons reçus en cadeau. Dernièrement, nous avons reçu tous les meubles d'un juge. Nous les avons entreposés dans un de nos dépôts mis à notre disposition par la famille Zahlan en attendant, de les réutiliser.

Nous réglons aussi les loyers impayés, les factures d'électricité et d'eau... »

Assurer les soins médicaux
Beit el-Baraka soigne aussi ses protégés. L'association a scellé des accords avec plusieurs centres hospitaliers, dispensaires et médecins bénévoles.

La chaîne de solidarité s'étend
Maya Ibrahimchah tisse inlassablement sa toile de solidarité pour soutenir le plus grand nombre de Libanais retraités démunis. « Nous avons 2 500 familles en liste d'attente, avoue-t-elle. Il faut trouver les moyens de les nourrir. »

Un projet avec la Lebanese Food Bank est en gestation. Deux nouveaux projets agricoles sont en cours de réalisation.
« À Ain Zebdé, dans la Békaa Ouest, sur le terrain de Manuel et Renée Karkour et grâce à un fond offert par l'association Life, nous allons développer un projet agricole respectueux de l'environnement : produire des fruits et des légumes biologiques sans pesticides et engrais chimiques.
Le second projet attend toujours des sponsors. Il se situe à Nahlé, près de Baalbeck, sur un vaste terrain mis à notre disposition par l'architecte Youssef Haïdar.
Sur une partie du terrain nous planterons légumes, fruits, graines : blé, lentilles, pois chiche... et des plantes fourragères. Une autre partie du terrain sera aménagée pour l'élevage des chèvres et la production des dérivés du lait.
Avec ce projet, nous cherchons aussi à encourager la population rurale à un retour au travail de la terre et aux techniques agricoles traditionnelles pour freiner l'exode rural et assurer le développement durable de Beit el-Baraka. »

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