LeBAM : la musique pour tous

Stéphanie Jabre | 01/04/2020

Musique

Liban

Apprendre à jouer de la musique, éduquer l'âme et l'esprit, s'élever au-delà des maux de la société et s'en libérer, cela est possible grâce à l'association libanaise LeBAM.

Il faut toujours croire au pouvoir de la musique pour changer le monde : The Lebanese Band Association for the Promotion of Music «LeBAM» y croit depuis plus de 10 ans. Cette «famille» musicale, qui rassemble depuis 2008 au Liban, 450 élèves autour d'une trentaine de profs du conservatoire et de chefs d'orchestre libanais ou internationaux, est le fruit de son fondateur et directeur actuel le député Ghassan Moukheiber, ainsi que de l'ancien député Ghassan Tuéni et de l'ancien directeur du Conservatoire national, Walid Gholmieh. À trois, ils fondent cette association en 2008 afin de permettre à tous les jeunes de 8 à 18 ans au Liban, surtout des milieux défavorisés, d'apprendre à jouer un instrument de musique gratuitement et dans un orchestre. Leur mission de promouvoir le développement de la musique et de la culture musicale et de former des orchestres d'harmonie, devient très vite une cause qui peine à survivre en ces temps difficiles.
«Il est vrai que ce qui compte pour les parents en temps de crise, c'est de subvenir aux besoins de nourriture et de médicaments, explique Marina Wakim Mkhaiber, membre du comité directeur de LeBAM et responsable de la communication et des relations publiques. Nous croyons à l'importance de nourrir non seulement le corps, mais également l'esprit et le moral des jeunes à travers l'apprentissage de la musique, affirme Marina. Nous avons dû suspendre nos cours de musique depuis quelques mois vu les différents changements que nous vivons. Toutefois, nous continuons à envoyer des messages d'encouragement à nos élèves pour les motiver à continuer à jouer de la musique, même si nous ne les recevons pas en classe. Nous essayons de les aider à oublier les difficultés financières de leurs parents, surtout que beaucoup sont au chômage. Nos élèves viennent en majorité de milieux démunis.»
«Il n'y a aucune association au Liban qui propose ce "Community band program". La formation que nous proposons aux jeunes est unique et crée un changement positif au sein de la communauté qui réunit les jeunes : ils font connaissance et apprennent à jouer de la musique ensemble. La magie des orchestres communautaires opère toujours: en voyant nos jeunes performer au sein d'un orchestre sur scène et sachant que beaucoup au Liban apprécient la musique et savent que ce n'est pas un luxe, nous sommes alors déterminés plus que jamais à poursuivre notre mission à travers LeBAM et à continuer à entreprendre nos projets», affirme Marina.

La musique pour vivre-ensemble
Apprendre à devenir musicien dans un orchestre c'est apprendre à vivre la diversité et à la respecter. «Nous éduquons les jeunes à la citoyenneté à travers la formation proposée, assure Marina Wakim Mkhaiber. La musique de groupe et d'orchestre inculque aux jeunes des valeurs qu'ils n'apprennent pas ailleurs: outre l'épanouissement du jeune qui vit de sa passion, ils grandissent aussi en discipline, en rigueur, en écoute et en respect de l'autre. Un orchestre est harmonieux quand chaque musicien est attentif au chef d'orchestre et joue à la seconde avec un autre musicien d'une autre section de l'orchestre. Aussi, des études montrent que les jeunes qui apprennent à chanter ou à jouer d'un instrument de musique développent leur mémoire plus que d'autres. Jouer dans un orchestre rassemble: quand on est musicien on ne cherche pas à savoir à quelle région, religion ou parti politique le musicien en face de nous appartient. Les membres jouent de la musique ensemble, tout âge et classes sociales confondues. Dans notre association, chaque personne se considère membre de la famille de LeBAM. Ce que l'on vit avec nos jeunes dans les orchestres est notre rêve pour le Liban: ne pas chercher nos différences mais plutôt ce qui nous rassemble pour mieux vivre ensemble», souligne Marina.

Petite histoire de l'association
La famille de LeBAM est vite passée de 40 à 450 élèves répartis sur 4 branches au Liban: Beit-Mery (branche principale), Baskinta, Baakline et Tripoli. À sa création, 20 instruments sont offerts par diverses associations de Genève. Les jeunes, et même parfois leurs parents qui viennent les attendre, reçoivent gratuitement un enseignement musical de qualité ainsi que les instruments. Ils sont répartis selon l'instrument à vent ou à percussion qu'ils jouent et selon leur niveau. Les élèves de LeBAM ont participé à des concerts prestigieux: concert en 2011 au Victoria Hall à Genève, participation annuelle au Beiteddine Festival et dans l'émission Arabs Got Talent en 2015, contribution à des randonnées musicales au Chouf et réalisation d'un album de musique symphonique de morceaux de compositeurs libanais, pour le 10e anniversaire de l'association. LeBAM est toujours en contact avec des maisons d'Opéra et des musiciens internationaux pour permettre à ses élèves de vivre des expériences d'échange intéressantes. Le comité directeur prépare aussi avec les jeunes un concert original de fundraising pour la fête de la musique en juin, espérant que la situation au Liban leur permette de s'entraîner régulièrement.

International Summer Band Camp (ISBC)
Pour clôturer leur année d'apprentissage, tous les musiciens de LeBAM des différentes branches, participent à un camp de musique de 10 jours organisé chaque été depuis la création de l'association en 2008 jusqu'en 2018. Suspendue depuis 2 ans, les organisateurs espèrent bien reprendre cette expérience unique pour tous les apprentis musiciens qui progressent lors de cet ISBC et apprennent encore plus que toute l'année. Au programme : cours d'initiation à la musique, d'écoute musicale, d'approfondissement de leur apprentissage de leur instrument, partage d'expériences, de moments de repas, visites de malades, concerts en soirée, en présence de professeurs et de chefs d'orchestre internationaux venus spécialement pour enseigner la musique aux élèves de LeBAM. Le souvenir de ces camps est gravé dans la mémoire des jeunes et de leurs parents qui les voient progresser.

«The Sunshine Band» et «The LeBAM Joyful Team»
Apprendre aux jeunes la gratuité et le volontariat est l'un de nos objectifs, souligne Marina Wakim Mkhaiber qui est elle-même musicienne et interprète. Elle est habituée à chanter gratuitement dans des hôpitaux, maisons de repos, centres pour personnes à besoins spécifiques. Elle réalise ainsi au sein de LeBAM deux projets qui sont ponctuels avec deux groupes d'orchestre : la «Sunshine Band», petit orchestre de 5 à 6 membres qui changent à chaque fois, dédié aux personnes trisomiques, malvoyantes; et «The LeBAM Joyful Team» qui forme les jeunes musiciens à faire des visites aux malades, personnes âgées et à jouer de la musique pour eux. «Les jeunes musiciens sont toujours très émus de cette expérience où leur public est formé de gens malades, emprisonnés dans leurs peurs. Ils jouent de la musique et contribuent ainsi à mettre un peu de joie dans leur vie. Ils apprennent surtout que recevoir gratuitement c'est aussi donner gratuitement», témoigne Marina.
Comment aider LeBAM?
Aider LeBAM c'est donner l'accès gratuit à tous les jeunes d'apprendre de la musique. C'est s'engager pour une bonne cause. «Nous avons besoin de sponsors, mais aussi de personnes qui peuvent nous offrir leurs services, en nous aidant dans la publicité ou la gérance des réseaux sociaux par exemple. Les lecteurs peuvent entrer directement en contact avec nous, participer à nos événements et contribuer à nous faire connaître à travers leurs réseaux sociaux, ce qui pourrait attirer des sponsors», conclut Marina.

Contacts: Site: www.lebam.org ; Facebook: LeBAM ; Instagram: Lebam Music.

 

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