2007/05/26 Ksara, 150 ans dans la Békaa

27/07/2009

Liban Patrimoine

Ksara, 150 ans dans la Békaa


 


Jeudi 17 mai, le Liban célébrait la Journée du patrimoine. Les Copains a choisi de faire un tour à Ksara qui fête cette année ses 150 ans. Zoom sur le premier vignoble du pays des cèdres, ses caves millénaires et son ancien observatoire.


 


Breuvage béni des Dieux, le vin existe au Liban depuis la nuit des temps. Les phéniciens le produisaient et l’exportaient au 3 e siècle avant JC. Les premiers poètes arabes l’ont chanté. Les Romains ont célébré la vigne et le vin, présents sur les frises du temple de Bacchus, à Baalbeck. Consacré aux vignes depuis l’époque phénicienne sans doute, le domaine de Ksara, près de Zahlé, a été exploité par les pères jésuites depuis 1857. En 1972, le Vatican invite ses missions à se départir, partout dans le monde, de toute entreprise lucrative. Le 15 août 1973, les pères jésuites vendent Ksara à un groupe d’hommes d’affaires libanais. Le domaine, qui s’étend sur 300 hectares, produit alors 1 million de bouteilles soit 85% des vins du Liban. Depuis, la production a plus que doublé.


 


Petite histoire de Ksara


En 1857, la communauté jésuite de Zahlé reçoit un domaine pierreux de 25 hectares. Malgré les conditions difficiles du terrain, les missionnaires s’improvisent viticulteurs en se lançant dans la plantation de cépages. En 1878, alors que l’administration ottomane se prépare à interdire toute importation de sarment de l’étranger, les pères jésuites font venir d’Algérie des pieds de vigne française et les plantent en cachette parmi les plants locaux. Le premier vin rouge sec est produit. C’est un véritable succès ! D’autre part, lorsqu’en 1860 les Ottomans offrent au gouvernement français le domaine de Tanayel, la communauté s’y installe. Elle transforme le terrain marécageux, insalubre et dangereux (criminalité..) et ouvre un orphelinat agricole. Les vignes et travailleurs de Ksara viendront de là.


 


Des caves romaines millénaires


En mars 1898, alors que des orphelins jouent à enfumer un renard qui effraye les poules, ils tombent sur des cavernes romaines situées juste sous le monastère. Comme la température est idéale pour la conservation et le vieillissement du vin (11 à 13o), des tunnels sont creusés pour relier les cavernes entre elles. Durant la première guerre mondiale, alors que la famine menace et que les Turcs enrôlent de force les jeunes hommes, de nombreux villageois se réfugient au monastère. Ils travaillent alors à élargir et aménager les caves. Creusées dans les entrailles des rochers, elles s’étendent aujourd’hui, en un gigantesque labyrinthe de 2 Km de dédales. Les galeries interminables, abritent les fûts en bois de chêne qui conservent le vin et des bouteilles poussiéreuses mais précieuses, témoins de l’activité du vignoble. La fraîcheur et l’obscurité font frissonner mais la promenade vaut le détour.


 


Le premier observatoire du Liban


En 1902, la curiosité des missionnaires les pousse à la construction du premier observatoire au Moyen- Orient. Destiné aux observations astronomiques, météorologiques et volcanologiques, équipé de télescopes, le bâtiment devient un lieu stratégique aussi bien en temps de guerre que de paix. Volé et incendié, l’activité cesse durant la guerre, en 1978.


 


Des vignobles à perte de vue.


Profitant d’une terre argilo-calcaire, du soleil, d’une lumière méditerranéenne extraordinaire, d’un climat sans caprices, les vignobles s’étendent à perte de vue dans la plaine fertile de la Békaa. Depuis la création des vignobles, les cépages ont été sans cesse renouvelés. Partis de sarments locaux, les pères jésuites avaient importé des pieds de vigne française. A la fin de la deuxième guerre mondiale, avec l’arrivée des français dans le cadre du mandat, de nouveaux cépages sont introduits: carignan, muscat… Et en 1990, la nouvelle administration plante des cépages nobles ; syrah, cabernet sauvignon, merlot… pour s’aligner sur les critères des grands vins internationaux.


 


Des Vendanges à la mise en bouteille…

Les grappes sont délicatement cueillies à partir de la mi-août par « une armée » de vendangeurs bédouins, puis acheminées intactes vers les pressoirs. Le moût qui en sort est traité dans des cuves géantes en inox. Transféré dans des fûts, le vin est enfermé dans la solitude des caves pour poursuivre sa maturation durant plusieurs années. Là, l’œnologue surveille son évolution de très près avant de décider de sa mise en bouteilles.

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