2005/12/17 Gébrane Tuéni

27/07/2009

Liban Politique

Gebran Tuéni


L’homme qui ne s’est jamais soumis


 


Son franc-parler et son courage ont galvanisé des foules de jeunes autour de lui. Ça les changeait des formules classiques, taillées sur mesure et des slogans qui sonnent creux… Gebran a été tué pour avoir crié “ Syrie : Ça suffit… ”


 


“ Les journalistes sont des fous, des rêveurs… ” Ces mots, Gebran Tuéni les avaient tenus en 1993, devant les membres de Copains - apprentis journalistes - venus l’interroger sur le travail journalistique. Depuis, les rencontres s’étaient multipliées, et les propos de Gebran ne faisaient que s’accentuer dans le sens de la vérité.


 


La parole aux jeunes : Nahar el Chabeb


Issu d’une famille de journalistes, Gebran Tuéni endosse le métier, avec une touche de modernisme. Son style direct et franc lui vaut la sympathie. Il édite à partir de Paris en 1977 le “ An-Nahar el Arabi Wal Douwali ” qui attire les lecteurs de tous les pays arabes. Il fonde de grands espoirs sur la jeunesse libanaise et publie en 1993 “ Nahar el Chabeb ”, la tribune des universitaires. En 2000, il devient PDG du quotidien An-Nahar.


Opposé à la présence syrienne au Liban


Les propos de Tuéni ont toujours reflété ce que la majorité des jeunes pensent : Il dénonce la vassalité de certains responsables politiques à l’égard de la Syrie et l’ingérence de cette dernière dans les affaires locales. Il la rend responsable d’empêcher la communication et le rapprochement entre Libanais. Dans le An-Nahar du 8 septembre 2005, Gebran s’adresse au ministre syrien des Affaires étrangères, dans ce qui sera son dernier édito : “ Excusez-nous M. Chareh, entre la loyauté à la Syrie et la loyauté au Liban, nous choisissons la seconde… ”


Symbole de l’esprit de liberté du 14 mars


Militant des premières heures, Gebran Tuéni ne sait jamais appuyé sur une milice armée. Sa seule arme était sa plume. La seule arme qui fasse peur aux ennemis du Liban. Au lendemain de la mort de Hariri, Gebran dénonce les service sécuritaires libano-syriens. Le 14 mars, à l’occasion de l’Intifada de l’indépendance, il récite à partir de la place des Martyrs, un hymne qui prône l’unification des Libanais. Lucide, il déclare lors de l’enterrement de son collègue et ami Samir Kassir, “ Samir aujourd’hui. Gebran demain…Il faut en finir du terrorisme syrien. ”


Homme de dialogue, citoyen loyal, journaliste libre


Hikmat (19 ans) se souvient qu’ils étaient 300 écoliers, réunis autour de Gebran Tuéni lors d’un débat sur le thème de l’indépendance : “ Ouvrez le dialogue. Des avis différents construisent l’avenir ” avait affirmé Gebran à ceux qui ne partageaient pas l’avis de leurs camarades sur la priorité du retrait syrien. “ Sauvegardez la démocratie qui garantit les libertés. Ne tombez pas dans les pièges de l’isolement et de la soumission. ” À ceux qui trouvaient les responsabilités trop lourdes et qui lui avaient demandé : “ Croyez-vous qu’il y aura un nouvel Hannibal pour sauver le Liban ? ” Gebran , réaliste, avait dit : “ Il est en chacun de vous. ”

Les plus lus