2009 décembre Lutter contre l’exode rural au Liban

27/02/2014

Liban Société & Culture

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L’exode rural représente des dangers, aussi bien pour les montagnes désertées, que pour les cités urbaines, surpeuplées. En novembre, deux associations ont présenté des formules innovantes pour dynamiser l’activité économique des campagnes.

 

L’Association pour la Protection du Jabal Moussa s’implique dans l’écotourisme

Préserver la Nature et le bien-être des gens qui habitent la montagne, tels sont les objectifs immédiats de l’APJM qui œuvre pour que les habitants de cette 3e Réserve biosphère du Liban, la plus proche de la capitale, ne la quittent plus.

Le site de Jabal Moussa (10 millions de m²) est situé entre le fleuve de Nahr el-Dahab (Kesrouan) et celui de Nahr Ibrahim (Jbeil) sur une hauteur variant de 350 m à 1574m. Déclaré Réserve de la biosphère par l’Unesco en mai 2009, le massif montagneux abrite des espèces infiniment variées et rares d’arbres, de plantes et d’animaux sauvages et regroupe d’intéressants vestiges archéologiques. « La déforestation provoquée par les carrières, l’urbanisation, les incendies, ont des conséquences désastreuses sur l’environnement (sols dégradés, sources polluées...) et par conséquent sur la vie économique des habitants. En protégeant la nature, c’est la vie des communautés locales que l’on sauve ».
L’APJM, qui œuvre pour la mise en valeur de ce patrimoine depuis 2007, est résolue à créer aussi des opportunités de travail pour les habitants, dans leurs villages, en vue de lutter contre le dépeuplement.

La protection des sites naturels n’exclut pas la présence humaine
« Nous appelons chaque habitant à rester sur place et à poursuivre son activité : Les femmes sont encouragées à fabriquer provisions  et confitures, et à les vendre sous le label de qualité “ Jabal Moussa ”. Le charbonnier va continuer à exercer son métier selon la tradition. Ce qu’il faut éviter c’est la tronçonneuse électrique des commerçants peu scrupuleux », explique Pierre Doumet, président de l’APJM. 

L’écotourisme, synonyme d’emplois et de revenus
« L’écotourisme, c’est pratiquer des activités touristiques en milieu naturel, dans le respect de l’environnement, et contribuer ainsi au développement de l’économie locale » explique Pascal Abdallah, conseiller en écotourisme.
En partenariat étroit avec les ministères de l’Environnement et de l’Intérieur, et forte de la coopération intelligente des municipalités des villages avoisinants (Yahchouch, Ghbaleh...) et de l’appui financier du gouvernement italien dans le cadre du programme d’urgence ROSS, l’APJM entreprend la restauration de 3 maisons et de 2 puits, ainsi que le tracé des sentiers touristiques qui ne dégradent pas le milieu. Elle encourage le tourisme archéologique, la découverte des spécificités culturelles et proposera bientôt des chambres d’hôtes, à bas prix, chez l’habitant, où l’on consommera les produits du terroir. Une partie des bénéfices aidera à la rémunération des guides locaux. « L’activité touristique doit profiter en premier, à l’ensemble de la communauté locale ». 

La Ligue des cités cananéennes, phéniciennes et puniques veut développer l’artisanat

Bon nombre d’artisans doivent lutter pour survivre. Dans certaines régions du Liban, jadis réputées pour leurs produits manufacturés, les métiers d’arts n’existent plus et les artisans ont quitté les lieux.

Fidèles à leur patrimoine commun, les membres de la Ligue* des cités cananéennes, phéniciennes et puniques ont établi un plan d’action pour échanger leurs savoir-faire et établir une Charte commune, autour des thèmes de la culture, de l’environnement, de l’artisanat…

Protéger et promouvoir le travail manuel
Pour maintenir les maîtres-artisans dans leurs villages et relever certains artisanats en perdition, comme la poterie, le verre soufflé, la pourpre, la Ligue a décidé de créer un centre d’apprentissage et de production artisanale d’inspiration phénicienne à Tyr. « Encourager les ateliers, développer les petites et moyennes entreprises et promouvoir l’emploi est notre objectif » explique Marie-Thérèse Achkar Malezet, membre de la Ligue, qui rappelle qu’il faut absolument créer un label de qualité répondant à des exigences écologiques, éthiques et de finition. « Nous pourrons alors faire appel à tous les artisans afin qu’ils exposent leurs produits dans une foire, dans une des villes de la Ligue et surtout valoriser les produits porteurs du label dans les domaines de la créativité, du design et du choix des matériaux ».

Le dernier potier de Beit-Chabab
Ils étaient une quinzaine en 1975 et 40 fours suffisaient à peine pour faire cuire la production argileuse de Beit-Chabab. Aujourd’hui, Fawzi Fakhoury est le dernier potier du village. Ses jarres, à la glaise rougeâtre, sont idéales pour stocker l’huile, l’arak et les denrées alimentaires, dont elles n’altèrent pas le goût au fil des ans. « Mais les acheteurs se font rares et le métier se meurt. La preuve ? Aucun des jeunes de la famille n’a voulu reprendre la relève ». N’a-t-il jamais pensé se recycler et adapter sa production au goût du jour ? « Ma technique est ancestrale et je n’ai pas de garantie que mes poteries modernisées seront écoulées ». Aucune aide ne pointe à l’horizon. Ni de la part de la municipalité du village, ni de celle de l’État. Jusqu’à quand Fawzi résistera t-il ?

 

* La Ligue a été créée en mars 2009 à l’Unesco-Paris, à l’initiative de la « Fondation de Tyr » et des maires et présidents des municipalités de Beyrouth, Byblos, Tunis, Carthage, Larnaca, Oristano, Marsala et Cadix. www.aistyr.com.

 

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