Sur l’écran, on ne fait plus la différence entre virtuel, réel et animation. Pour donner au public cette impression d’être immergé dans le film, d’être dans un monde fantastique qui semble parfaitement réel, James Cameron a attendu 15 ans, créant lui-même le matériel qui lui manquait. Au bout de quatre ans de production, Avatar offre une expérience cinématographique unique, portée par une nouvelle génération d’effets spéciaux. Décryptage du synopsis et des procédés qui pourraient changer la donne du cinéma.
Planète Na’vi
Le film se situe en 2154. La Terre n’a plus d’énergie et le minerai-miracle, l’unobtanium, est niché sur Pandora, sous les racines de l’arbre-maison géant. Les entrailles de l’arbre, divinité protectrice, sont habitées par les Na’vis bleus, elfes aborigènes hauts de 3 mètres et redoutables guerriers. «Ils incarnent la meilleure part de nous-mêmes.» Ils possèdent une « natte » grâce à laquelle ils peuvent se «connecter» et communiquer avec les animaux et les plantes par la pensée. Parce que l’atmosphère de Pandora est toxique pour les humains, ceux-ci ont conçu des Avatars. Ces êtres génétiquement créés possèdent un corps Na’vi et un cerveau humain, contrôlable à distance grâce à des ordinateurs. Jake Sully, ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant, prend le contrôle d’un Avatar, ce qui lui permet, en plus de respirer librement, de pouvoir marcher à nouveau, voler et partir à la découverte d’un monde luxuriant et psychédélique, montagnes volantes, plantes douées de conscience et animaux préhistoriques. Infiltré par les Terriens, il est chargé de gagner la confiance des Na’vis et déplacer leur peuple, afin d’extraire le minerai.
Voyage au cœur de la technologie
Seules 40% des scènes d’Avatar ont été tournées en prise de vue réelle, les 60% restant sont de l’animation réalisée en motion capture. Cette vieille technique numérique consiste à poser des capteurs sur le corps d’un acteur, notamment au niveau de ses articulations, pour faire ressortir son squelette «virtuel». Ne reste plus après qu’à l’intégrer dans un environnement virtuel. Plus pointue, la «performance capture » permet de capter les mouvements les plus infimes notamment ceux du visage. Pour encore améliorer le système, Cameron a placé une mini caméra vidéo devant le visage de ses acteurs, histoire d’être encore plus fidèle aux expressions et regards.
Simulcam, du virtuel au réel
Sur fond vert, les acteurs dans un justaucorps noir bardé de capteurs, des oreilles et une queue, se ressemblent tous. Les cadreurs, caméra à l’épaule, shootent. Les images sont transmises à un micro ordinateur qui se charge, immédiatement et simultanément, de transformer le fond vert en décor (Pandora) et l’acteur en créature numérique (Na’vi). Sur ce plateau nu, qu’il a baptisé «le volume», Cameron, armé d’une «caméra virtuelle ou simulcam» voit directement les extraterrestres bleus dans leur environnement. Le réalisateur a ainsi une idée du rendu final de sa séquence, et peut donner illico des consignes plus précises aux acteurs comme aux cadreurs. Les acteurs jouent dans le but de réussir les dialogues et les mouvements, sans se soucier de l’angle de prise de vue, de la lumière. Le processus de montage est long. Entre la capture de performance et l’arrivée d’un plan fini, il s’écoule plus d’un an. Entre-temps, il arrivait que la production fasse revenir les acteurs. «On n’avait pas à se soucier s’ils avaient grossi ou laissé pousser leurs cheveux. Quand ils arrivaient, il suffisait de chercher dans la base de données et, en un quart d’heure, le décor était prêt dans la caméra virtuelle», ajoute Cameron. Le tournage a été un tel laboratoire que Spielberg, Peter Jackson et Ridley Scott sont venus en explorateurs.
La vie en bleu
James Cameron n’est pas le premier à avoir inventé des personnages bleus. Mis à part les Schtroumpfs, le cinéma a connu X-men et ses mutants verts de rage, mais bleus de peau, Maïwenn géant bleu, affublé de tuyaux gigantesques en guise de cheveux dans le cinquième élément, le génie bleu d’Aladin, Sully le monstre aux longs poils bleus de Monstres et cie, Hellyboy, Watchmen…
Cameron, sorcier de l’image
James Francis Cameron est un réalisateur, scénariste et producteur canadien né le 16 août 1954. Diplômé de physique à la California State University, ses premiers gagne-pain seront mécanicien et conducteur de camions car il nourrit une toute autre ambition : le cinéma. Il baigne dans les effets spéciaux depuis son premier court-métrage, Xenogenesis (réalisé en 1978 et financé par un consortium de dentistes). Son premier vrai coup de maître remonte à 1989 avec Abyss pour lequel il invente des caméras révolutionnaires pour filmer sous l’eau. Il confirme son nouveau statut de pionnier des images de synthèse avec Terminator 2 (1991) puis Titanic (1997).
« Avatar » : Infos plus