2011/06 Le bio a le vent en poupe

05/07/2011

Santé

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Fruits, légumes, huile d’olive, vin, œufs, produits laitiers et bientôt pain, le marché du bio au Liban se développe. Les Libanais consomment de plus en plus de produits bio, conscients de leurs bienfaits.


 

L’agriculture biologique a débuté au Liban il y a 15 ans. Depuis, elle ne cesse de progresser. En 2008, la surface des terres agricoles bio atteignait 2180 hectares alors qu’en 2004, elle ne s’étendait que sur 758 hectares. Aujourd’hui, 250 fermes travaillent en agriculture bio. Cependant, les produits bio libanais ne sont que des produits frais. Le Liban n’a pas encore une industrie agroalimentaire apte à se lancer dans le bio. Par exemple, quand on parle de vin bio, ce ne sont que les vignobles qui sont certifiés et non le processus de fabrication.

Plusieurs magasins spécialisés en bio (comme New Earth à Achrafieh ou Live Organic à Naccache) vendent des produits locaux, mais les produits industriels qu’on y trouve sont importés. « Les Libanais sont de plus en plus nombreux à consommer des produits bio, constate Fayek Bou Tannos, détaillant qui vend des légumes et des fruits. Ils sont concernés par leur santé et conscients du risque sanitaire lié à l’utilisation intensive des pesticides surtout dans un pays où les règlementations ou du moins leur application est absente.»

 

Des produits bio chers

Les produits bio sont au moins 20% plus chers que les produits issus de l’agriculture conventionnelle car passer à l’agriculture bio n’est pas une mince affaire. « L’agriculteur doit commencer par préparer son sol, le nettoyer des impuretés chimiques accumulées par l’agriculture conventionnelle, explique Youmna Ziadé Karam, propriétaire de Bagbio. Ce processus peut s’étaler sur deux ou trois ans». Pendant cette période, l’agriculteur n’a pas de certification. Il doit vendre ses produits au prix des produits issus de l’agriculture conventionnelle. Il connait donc forcément une perte financière. À l’étranger, l’État subventionne les agriculteurs et compense la différence. Au Liban, c’est l’agriculteur qui subit tous les coûts, dont ceux de la certification.

La production est plus coûteuse pour l’agriculteur qui travaille en agriculture biologique. Même si la surface cultivée est plus grande, le rendement est plus faible car l’agriculteur n’emploie pas de produits chimiques et doit respecter les saisons. Il a également recours à la main d’œuvre et non aux machines pour le désherbage et la cueillette.

Outre l’absence de lois et de réglementations imposées par l’État, les agriculteurs souffrent de plusieurs problèmes : le manque d’aides pour se procurer des intrants bio (semences, engrais…), la difficulté d’exporter leurs produits et même de les vendre dans les grandes surfaces. C’est pour cette raison qu’ils se regroupent souvent dans les foires pour écouler leurs marchandises.

 

Des projets privés

Dans un souci de promouvoir l’agriculture bio au Liban, et notamment d’aider BioCoop Lubnan, première coopérative d’agriculture organique, World Vision Lebanon a lancé un projet de soutien et d’éducation des agriculteurs au Liban financé par USAID (United States Agency for International Development). 160 fermiers de 61 villages libanais y ont participé sur 3 ans. C’est ainsi que la marque Campagnia est née.

Biomass et Campagnia sont les seules marques de produits bio libanais disponibles en grandes surfaces. Elles sont en compétition directe et permanente avec les produits issus de l’agriculture conventionnelle.

En 2001, l’AUB a lancé Healthy Basket : au sein de leur magasin à Hamra, les responsables du projet facilitent la vente des produits d’un petit nombre d’agriculteurs dont les terrains sont certifiés par l’IMC ou par LibanCert (seuls organismes certificateurs au Liban). Grâce à un programme spécial, les clients peuvent commander leur panier hebdomadaire livré à la maison. Ils se sont même mis d’accord avec le restaurant « Shtroumph » qui a intégré à son menu des plats Bio avant que cette innovation ne soit abandonnée.

En 2004, Kamal Mouzawak a lancé Souk el-Tayeb. Chaque samedi, aux souks de Beyrouth, des producteurs de toutes les régions libanaises étalent leurs produits : pommes de terre, tomates, herbes aromatiques, fruits. « À la base, l’idée était d’avoir un marché exclusivement organique mais très vite, un nombre non négligeable de produits issus de l’agriculture conventionnelle a trouvé sa place au sein de ce marché » explique Kamal Mouzawak.

En 2007, Joseph Massoud a lancé Biomass. La marque a rapidement évolué pour devenir une des plus importantes marques de bio au Liban. Ce sont les seuls producteurs libanais d’œufs et de fromages bio.

 

Qu’est-ce que l’agriculture bio ?

C’est un mode de production exempt de produits chimiques de synthèse et d’organismes génétiquement modifiés. Il est basé sur l’équilibre entre le sol, les animaux et les cultures. Par exemple, au lieu d’épandre des pesticides, on plantera des poireaux dont l’odeur éloigne les insectes nuisibles aux carottes. Dans l’agriculture bio, on prend soin du sol qui doit rester productif. La terre est labourée en surface pour ne pas perturber son équilibre. Elle est enrichie avec le fumier (engrais naturel d’origine animale) et le compost (engrais formé par le mélange fermenté de débris organiques et de matières minérales).

 

Bénéfices de l’agriculture biologique

L’agriculture biologique présente des bénéfices aussi bien pour la santé de l’homme que pour l’environnement.

Les études concernant les bienfaits du bio sur la santé sont encore à leurs débuts. Mais on sait déjà que les produits bio contiennent de faibles taux de nitrates et de pesticides. De plus, ils sont plus riches en vitamines et en antioxydants, éléments essentiels qui protègent l’homme contre différentes maladies.

Quant aux bénéfices pour l’environnement, ils sont énormes : moins d’énergie est utilisée comparée à l’agriculture conventionnelle, les nappes phréatiques sont mieux conservées, les résidus végétaux et les déjections animales sont recyclés. La pollution des sols est freinée.

 

La certification

Elle représente une garantie pour le consommateur. Tout au long de la filière, du producteur au distributeur, les pratiques des opérateurs de l’agriculture biologique sont régulièrement contrôlées. Pour obtenir la certification, il faut, entre autres, que les semences et les plants soient issus de l’agriculture biologique, que la fertilité et l’activité du sol soient maintenues ou augmentées et que l’utilisation des OGM dans l’alimentation des animaux soit strictement bannie.

Diane KASSIS

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