2011 juillet aout BMAF : en avant la musique

26/02/2014

Liban Société & Culture

BMAF_site.jpg

Entre le 18 mai et le 12 juin a eu lieu la première édition du Beirut Music and Art Festival (BMAF)* qui a accueilli des artistes locaux et internationaux.

 

Inauguré le 18 mai par un concert de la bande libanaise The Incompetents, et clôturé le 12 juin par un concert de l’artiste des Balkans Goran Bregovic, le festival se déroule sur deux scènes différentes, côte à côte : la scène centrale qui peut accueillir jusqu’à 2600 personnes où les artistes internationaux et les artistes libanais de renommée internationale se produisent ; et le « Music Village Artist », scène plus petite qui accueille les formations moins connues. Au total, près de cinquante concerts en trois semaines auront été joués, avec une programmation variée et éclectique, allant du rock à l’oriental en passant par le jazz, le rap et le folk arménien. « Le problème du Liban, c’est que les gens n’écoutent que ce qu’ils connaissent», explique Fadi Ghazzaoui. D’où la volonté de mettre en avant la scène underground libanaise, pour que « les gens écoutent autre chose que de l’électro et qu’ils élargissent leur horizon musical ». C’est pourquoi les billets d’entrée commençaient à 10 dollars, à la portée de tous, pour permettre au plus grand nombre d’y assister. « 10 dollars pour trois concerts par soirée (dans le cas du Music Village) et des boissons, c’est vraiment donné! » s’exclame Ghazzaoui.

Le coût du festival s’est élevé à un peu plus d’un million et demi de dollars. Et Ghazzaoui, qui avoue prendre beaucoup de plaisir à organiser ce festival, compte bien renouveler l’expérience l’année prochaine.

Coup de projecteur sur quatre formations musicales

• Thagara : l’improvisation comme mode d’expression

Assil Ayyash est une jeune chanteuse dynamique, par ailleurs professeur de théâtre à l’International College et directrice de production du BMAF. Elle avoue avoir toujours aimé l’improvisation. Un jour, au festival de Hamra, elle écoute Vladimir Kurumilian improviser au piano, avec Karim Khneisser aux percussions. Ils décident d’improviser ensemble. Le BMAF leur donne l’occasion de se produire en public pour la première fois. « J’ai collecté des textes en arabe littéraire, pour les chanter pendant le concert », explique-t-elle.

• Rayess Bek : le rappeur engagé

Rayess Bek, de son vrai nom Waël Kodeih, a été un des pionniers du rap en arabe au Moyen-Orient, avec son groupe nommé Aks ‘Ser (à contre-sens). Très engagé politiquement et socialement, ce fils de mère palestienne et de père libanais, qui a grandi entre Paris et Beyrouth, chante en arabe, français et anglais. Il a composé la musique de la première Laïque Pride du Liban en 2010.

Le concert donné au BMAF s’intitulait Anthology. « J’ai sorti mon premier album avec Aks ‘Ser il y a 10 ans, explique le jeune artiste, je voulais faire un bilan, et jouer avec des rappeurs du monde entier les morceaux que j’aime.» Cet album signe un peu la fin d’une époque, car « le hip hop aujourd’hui passe par une crise identitaire, il a perdu son côté engagé et revendicateur », selon Waël. Et puis l’artiste a grandi et mûri. Ses nouvelles créations, parues sous le titre Rayess Bek and His Orchestra, s’orientent d’ailleurs vers une musique différente, avec des influences orientales plus douces.

Tania Kassis : la soprano

Très connue pour son répertoire classique, dont l’Ave Maria islamo-chrétien, Tania Kassis profite du BMAF pour dévoiler pour la première fois au Liban son « répertoire sud-américain, celui que je chante dans mes tournées dans les pays latins », explique-t-elle : salsa, tango, samba, rumba et bossa nova étaient au programme, mélangés à du classique. La chanteuse était accompagnée sur scène de 15 musiciens, 8 danseurs et 10 jeunes choristes (de 5 à 13 ans).

Tania Kassis a commencé à chanter à 16 ans. Elle a fait ses études au Conservatoire de Paris, puis a débuté sa carrière à l’international en 2007. Elle s’est produite en France, au Mexique, aux États-Unis, en Argentine, au Brésil, au Venezuela, en Colombie. « Je cible la diaspora libanaise, qui a soif de musique qui lui rappelle le Liban ; et je chante en plusieurs langues, pour toucher tout le monde. »

• The Arcane : le rock gothique

Cyrille Najjar a commencé à jouer du piano à six ans, et s’est mis à la guitare à 14 ans. En 1996, il commence à improviser des morceaux avec Jean-Louis Ghazi au piano. Trois ans plus tard, The Arcane, composé de 9 artistes, donne son premier concert. Et en 2005, le groupe lance son premier album, mélange de rock et de musique classique avec un twist de gothique, qui est resté dans le top 10 des ventes au Liban pendant 6 semaines. Il s’appelait «Birth from Division», car l’idée était de réaliser une collaboration musicale entre les différentes confessions, explique Cyrille. Un nouvel album, intitulé «Rivers of Endless Sorrow», est prévu cette année.  

* Fadi Ghazzaoui est le co-organisateur du festival de Hamra. Avec John Kassabian, de Beirut Jazz festival, et les deux entrepreneurs libanais Imad Darwiche et Guy Tabet. Ils ont lancé cette année près des Souks de Beyrouth le Beirut Music and Art Festival.

 

Groupes participant au BMAF

Fareeq el-Atrash, The Arcane, The Kordz, Rayess Bek, The Incompetents, Eilenn Katchadourian, Arthur Satyan, Meen The Band, Zeid and The Wing, Sandmoon, et beaucoup d’autres ont investi la scène du « Music Village », pendant que Roger Hudson (des Supertramps), Earth Wind and Fire, Lena Chamamyan, Soumaya Baalbacki, Tania Kassis, Natacha Atlas, Marcel Khalifé, et Goran Bregovic entre autres ont rempli les gradins de la scène centrale.

 

Marie-José DAOUD

Les plus lus