2011 juillet aout À la rencontre des femmes girafes

26/02/2014

Monde Société & Média

À la rencontre des femmes girafes

Impressionnantes ou esthétiques pour certains, tortures ou coutumes d’un autre âge pour d’autres, les femmes girafes ne laissent personne indifférent.

Les femmes girafes sont l’objet d’un véritable engouement chez les touristes occidentaux qui visitent le Myanmar ou la Thaïlande. Leur village, Loikaw, se situe aux confins de ces deux pays. Il est toutefois difficile d’accès. Certaines femmes girafes, appelées aussi femmes Padaungs ou « Karens au long cou », ont dû quitter leur village pour s’installer dans les villes des deux côtés de la frontière, où elles sont malheureusement devenues des attractions touristiques.
Au « Lac Inle », certaines d’entre elles viennent régulièrement vendre des produits du terroir, notamment des écharpes colorées qu’elles tissent de manière traditionnelle. Et c’est là qu’on les rencontre. Des rencontres merveilleuses, insolites, et même instructives.

Une coutume ancestrale

Les femmes Padaungs portent des ornements autour du cou que l’on peut qualifier de collier-spirale. Lorsqu’une petite fille a entre 5 et 9 ans, on lui passe le premier anneau en laiton ou en cuivre après avoir enduit le cou d’une pommade. Ensuite, toutes les quelques années, on ajoute un anneau, parfois deux, jusqu’à l’âge de 19 ou 20 ans. En tout, elles porteront entre 22 et 28 anneaux qui pèseront au total près de quatre kilos. En fait, il s’agit de spirales qu’on change au fur et à mesure, à chaque fois. Ces spirales doivent être enlevées pour pouvoir être remplacées par d’autres plus longues.
« Contrairement à la croyance populaire, ces anneaux n’affectent pas les vertèbres du cou pour les allonger, mais elles pèsent sur les épaules », explique malicieusement une vieille femme Padaung rencontrée dans une des cabanes sur pilotis. Selon elle, c’est le poids du collier qui fait que les épaules s’affaissent et donnent ainsi l’impression d’avoir un long cou.
Les raisons de cette coutume ne sont plus connues. Les femmes elles-mêmes parlent uniquement du côté esthétique et de la beauté d’avoir un long cou. Toutefois, certaines théories justifient cette pratique ancestrale par le désir de se donner une ressemblance avec le dragon, figure importante du folklore de la région.
Un folklore que beaucoup trouvent aujourd’hui dégradant et inhumain. Cette pratique met mal à l’aise les Occidentaux. «La chirurgie esthétique ainsi que les lèvres et seins en silicone ne font pas mal ? Ce n’est pas la même chose ? » demande un jeune Birman sur place.
Toutefois, cette tradition commence à perdre du terrain. « Certaines filles refusent de mettre le collier », affirme une jeune Karen. « Depuis qu’elles côtoient dans les écoles d’autres filles, d’autres cultures, les filles Padaung se sentent différentes. Elles veulent tout simplement ressembler aux autres », se désole cette jeune qui affiche fièrement son collier, encore petit.

 

Antoine AJOURY

Les plus lus