Liberté de rapper

Stéphanie Jabre | 01/08/2014

Art

Omar et Mohammad Kabbani du groupe "Ashekman".

Musique

Jeunes, libres, artistes jusqu'au bout de la voix. Les rappeurs libanais sont de plus en plus nombreux. De Beyrouth à Tripoli, deux crews de rap nous racontent leur passion pour ce qui est leur raison d'être.

Ce qui vous fascine en rencontrant des rappeurs, c'est leur caractère rebelle et indépendant. «On n'appartient à personne», déclare en toute confiance Issa Noman du groupe «Mn el-Ekher». «Ne dépendant d'aucune compagnie de production, nous sommes libres d'aborder les sujets qui nous plaisent, sans aucune contrainte ou exigence», ajoute Omar Kabbani, co-fondateur du groupe «Ashekman». De la création du texte empreint de poésie, de jeux de mots, de verlan, de libanisme voire de bilinguisme, à la composition du beat ou du scratching et de la musique, en passant par les arrangements musicaux et l'interprétation, ces 2 crews de rap se chargent entièrement de toute la production et réalisation de leurs titres. Preuve de leurs nombreux talents, mais surtout de leur volonté de promouvoir la vraie image du rap au Liban, celui qui s'engage pour une cause politique ou sociale, et non le «Gangsta rap» qui défigure la musique hip-hop, abordant dans un langage violent, des sujets tels que : la consommation de drogue, la prostitution et autres activités illégales.

Rêves d'un rappeur libanais
Si la musique rap existe au Liban depuis 1996, grâce au groupe Aks'ser, le DJ Lethal Skillz, et bien d'autres artistes, elle n'a toujours pas connu son âge d'or, ni la reconnaissance médiatique et artistique que lui souhaitent ses adeptes. «Le hip hop ou rap au Liban et dans les pays arabes, n'a pas encore pris son envol, explique Omar Kabbani. Ce qui nous manque c'est une structure de base, qui organise notre production et collabore à notre expansion comme dans les pays étrangers. Nos chansons devraient également passer plus facilement à la radio ou à la télévision!» «On souhaite surtout être reconnus par la SACEM* au Liban», avoue Issa Noman.

Message aux fans du rap
«Un rappeur est une personne vraie, qui ne raconte pas dans son texte une lifestyle qu'il ne vit pas. Sinon, il perdrait sa crédibilité auprès de son public. Il ne faut pas prétendre être ce que l'on n'est pas», lance Omar Kabbani.
«Quiconque prétend rapper n'est pas forcément un vrai rappeur: on peut facilement télécharger des beats, et mettre un texte dessus. Cherchez les vrais auteurs-compositeurs, et choisissez le "bon rap" à écouter: ne vous laissez pas influencer par des textes qui entraînent à la perte de soi, et qui défigurent la juste valeur du rap», conclut Issa Noman.

Petite histoire du rap
Basé essentiellement sur le rythme, le rap se rapproche des percussions africaines. Le texte scandé par les MC (Master of ceremony) rappelle le « griot » poète et musicien africain qui racontait la vie quotidienne. Influencé par la culture africaine, le rap apparaît donc d'abord dans les ghettos noirs américains dans les années 70. Le rap est l'une des 3 formes d'expression appartenant au hip-hop, mouvement culturel et artistique, qui regroupe : la danse (break dance), la peinture (graffiti) et la musique (rap, et deejaying dont le beatbox est une sous-branche).

 

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