C'est Marion, marin-cuisinier, qui accueille les élèves à bord du deux-mâts amarré dans la marina de Beyrouth.
«Nous sommes sur un voilier scientifique de 36 mètres de long et 10 mètres de large, dont la coque est en aluminium», précise Marion répondant à leurs nombreuses questions. Tara embarque, à son bord, 5 marins, six scientifiques, une personne chargée de communication et deux artistes. «Ces derniers, dessinateur, photographe, cinéaste ou écrivain, portent un regard différent sur l'expédition», explique Marion. Mais toute l'équipe de Tara partage la même passion: la mer et sa préservation.
Après avoir mené plusieurs missions dans les océans pendant plus de dix ans, la goélette Tara a mis le cap cette année sur la Méditerranée pour étudier la pollution de la mer par le plastique et ses conséquences sur le plancton. «Durant six mois, nous allons parcourir 16 mille kilomètres et visiter 10 pays. Les scientifiques sur ce bateau prélèveront des échantillons de plancton et de micro-plastiques, des particules de moins de 5 millimètres qui proviennent de la dégradation de gros déchets plastique comme les bouteilles ou autres emballages.»
Prélèvement d'échantillons
Pour cela, ils disposent de divers instruments placés à l'arrière du bateau. Le filet manta est constitué d'un corps en aluminium et d'un long manchon en nylon muni de collecteurs dans lesquels les débris de plastique et le plancton sont piégés. Le manta est placé à 20cm au-dessous de la surface de l'eau. Lorsque la mer est démontée, il est remplacé par le filet bongo. Quant à la rosette à bouteilles Niskin, elle prélève des échantillons à près de 300 mètres de profondeur.
Les échantillons sont stockés au froid sur le bateau en attendant d'être envoyés à des laboratoires en France, en Allemagne et aux États-Unis, où ils seront analysés.
Analyse des échantillons
Au laboratoire, les scientifiques identifient la nature chimique des plastiques récoltés et déterminent les familles de plastique auxquelles ils appartiennent. Ce qui permettra de comprendre l'origine de cette pollution. Serait-elle liée aux emballages, aux activités touristiques ou de pêche? «L'impact des micro-plastiques sur le plancton sera aussi étudié», souligne Marion. Grâce aux informations recueillies, Tara pourra proposer des solutions de substitution plus respectueuses de l'environnement, comme le biodégradable.
Sensibilisation d'un large public
La mission de Tara n'est pas seulement scientifique. Elle cherche aussi à sensibiliser jeunes, adultes et décideurs à la fragilité de la biodiversité marine. Au programme à Beyrouth: conférence de presse, table ronde, exposition de photos et visites à bord. «Tara, ajoute Marion, joue aussi un rôle de catalyseur. À chaque escale, comme à Beyrouth, elle organise des rencontres et met en relation des gens de différents horizons (politique, industriel, association) pour les encourager à joindre leurs efforts et mettre en place des mesures innovantes pour préserver la mer.»
Chroniques du plancton
www.planktonchronicles.org est une plateforme interactive qui dévoile à travers une série de photos et de vidéos la beauté et la diversité du plancton, micro-organismes d'origine végétale ou animale, bactéries et virus, qui dérivent avec les courants marins.
Ce projet est né à l'initiative de Christian Sardet, directeur de recherche au CNRS , dans le cadre de l'Expédition Tara Oceans, et de l'Observatoire Océanologique de Villefranche-sur-Mer (OOV) avec CNRS Images (Meudon) en coopération avec Parafilms (Montréal).