« Je suis né, disait-il, pour m'exprimer et mon langage est la sculpture. » Michel Basbous sculptait la pierre, le métal, le bois, le plâtre, les matières synthétiques et produisait des chefs-d'œuvre : couples enlacés, figurines filiformes, corps de femmes aux courbes sensuelles, obélisques, totems. Il transformait même des objets usuels comme les radiateurs de voitures, en œuvre d'art. Certaines de ses sculptures prennent la forme de strates géologiques dénudées par l'érosion dans le paysage de Rachana, son village natal, situé sur les collines qui surplombent la Méditerranée, entre Batroun et Byblos.
« J'ai été amené, disait-il, à respecter la matière et à lui être fidèle, à vivre avec elle. Il faut donner à chaque matière son dû, ne jamais asservir la nature d'une matière donnée à celle d'une autre. »
Michel Basbous est le premier sculpteur au Liban à produire des œuvres monumentales en pierre. Elles sont exposées avec celles de ses frères, Alfred et Joseph à Rachana, un véritable musée à ciel ouvert.
Parcours de l'artiste
La passion de Michel Basbous pour la sculpture et son éveil à l'art remontent à son plus jeune âge. Son père était prêtre, peintre et calligraphe. « J'ai grandi parmi les dessins et les manuscrits. » Très jeune, quand il servait la messe à son père, il regardait, fasciné, la cire des bougies couler sur l'autel. Il ramassait les larmes de cire, les faisait fondre et les étalait sur du papier blanc pour obtenir des formes abstraites et des couleurs. Ses parents l'encourageaient à peindre et dessiner. Basbous apprend la sculpture à l'ALBA (1945-1949) et poursuit sa formation à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Il fréquente plusieurs ateliers à Paris, Rome, Florence et retourne à Rachana en 1958. Il travaille en plein air et plante ses sculptures dans son village. Ses œuvres se trouvent aussi dans plusieurs musées et lieux publics au Liban et dans le monde.
Témoignage
Chloé Kanaan, étudiante en première année à l'ALBA, a visité la rétrospective de l'œuvre de Basbous. Elle écrit : « La pureté des lignes et des courbes de ses œuvres expriment la sensibilité de l'artiste. Les sculptures de l'exposition, disposées entre les haies de bambous, à l'extérieur du musée, rivalisent de beauté, de finesse et de tendresse. À l'intérieur du musée, les dessins au fusain, les sculptures en métal, bois ou plâtre et son autoportrait taillé dans la pierre pour l'éternité nous laissent ébahis. Merci Michel. »
*Anachar, sculpteur et fils de Michel Basbous et le galeriste Saleh Barakat ont créé, avec l'architecte Pierre Hage-Boutros, la scénographie.