Reboiser la forêt de genévriers de Barqa-Rabiaa

Maria PASCALIDES | 28/11/2014

Environment

Liban

Solidaires et attachés à leur terre, les habitants de Barqa (Békaa) se mobilisent pour reboiser la forêt de genévriers à Rabiaa, région située sur les hauteurs de leur village. L'association Mamlaket el-Lezzeb mène l'opération.

«Notre rêve, avoue Jimy Karam, membre de Mamlaket el-Lezzeb, est de reboiser la forêt de genévriers de Rabiaa et de la prolonger jusqu'à ce qu'elle rejoigne celle des Cèdres, comme c'était le cas il y a longtemps.»

Or aujourd'hui, cette forêt est menacée par le surpâturage et le déboisement. Le bois de genévrier est dur, compact, il ne moisit pas et résiste aux vers et aux champignons. Il a été utilisé pour les poutres des maisons et comme bois de chauffe. Il était coupé à Noël pour être décoré.

Importance écologique du genévrier

Reboiser la forêt de genévriers n'a pas été une idée facilement acceptée par les habitants de Barqa. «Pourquoi planter et préserver un arbre qui ne produit rien?» disaient-ils. «L'arbre, a répondu l'association, vous donne des tonnes d'oxygène!» De plus, le genévrier est essentiel car ses racines retiennent la terre et empêchent l'érosion des sols. Il constitue un abri pour la faune et, étant le seul arbre de haute altitude, il retient l'eau de la neige fondue, dans les nappes souterraines. «Les genévriers, explique Magda Bou Dagher Kharrat, professeur associé à la Faculté des sciences de la vie à l'USJ, ont une importance écologique majeure car ils constituent la limite boisée de nos montagnes. Ils poussent jusqu'à 2300 mètres, plus haut que les cèdres.»

Pour un développement durable à Barqa

L'association Mamlaket el-Lezzeb veut encourager les jeunes de Barqa à rester attachés à leur terre. Son objectif est d'assurer un développement durable de la région: développer des activités économiques, créer des emplois, améliorer le niveau de vie des habitants tout en préservant l'environnement. Le reboisement de la forêt s'inscrit dans un vaste projet éco touristique. Déjà, des maisons d'hôtes ont été construites. Les repas servis sont à base de produits bio cultivés à Barqa. Des randonnées pédestres sont organisées. Le reboisement de la forêt est une suite logique à ce projet.

Le genévrier, un arbre centenaire

«Depuis 2012, grâce à la solidarité et la mobilisation des habitants de Barqa, nous plantons tous les ans au mois d'octobre des pousses de genévriers. La première année, nous en avons planté 50. L'année suivante, grâce aux Amis des cèdres, nous nous sommes procuré 500 pousses que nous avons plantées. En 2014, nous avons inauguré notre propre pépinière de genévriers et nous avons planté 2500 pousses. Chaque plante est protégée par une cage métallique pour ne pas être broutée par les chèvres. Elle est arrosée pendant au moins un an.

Le genévrier pousse lentement et vit longtemps. Il lui faut plusieurs dizaines d'années pour atteindre 1 mètre. La forêt de Rabiaa compte aujourd'hui des genévriers plusieurs fois centenaires.

La grive et le genévrier

Le genévrier dépend de la grive (oiseau migrateur) pour la germination et la dissémination de ses graines. L'oiseau se nourrit des fruits du genévrier. Ses enzymes gastriques fragilisent l'écorce des graines afin qu'elles puissent germer une fois rejetées avec les excréments de l'oiseau.

Malheureusement, le nombre des grives au Liban diminue à cause de la chasse et des pesticides utilisés dans l'agriculture. Pour que le reboisement se fasse de manière plus efficace, l'association s'est passée de la grive. L'écorce du fruit a été fragilisée par des procédés techniques et les graines ont été plantées dans des pots placés dans la serre puis dans la terre.

Le genévrier pousse sur différents types de sols et même dans les fissures des rochers et sur les parois des falaises.

À savoir

• Quatre espèces de genévriers poussent au Liban. Récemment, la Faculté des sciences de la vie de l'USJ a identifié, sur base génétique, une cinquième espèce.

• On trouve des bosquets de genévriers entre 1400 et 2300 mètres au Hermel, au Akkar, dans les réserves de Horch Ehden, de Tannourine, du Chouf et de Yammouneh.

Adoptez un genévrier qui portera votre nom: Le coût de l'adoption s'élève à 100$ pour le prix de la pousse, de la cage et son entretien. Vous pourrez suivre l'évolution de votre arbre sur le site de l'association www.melezzeb.org.

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