Si vous demandez à vos arrière-grands-parents comment ils fêtaient Noël lorsqu'ils étaient enfants, ils vous raconteront que le sapin importé n'existait pas. Roger se rappelle qu'il allait avec son père couper une branche de pin dans une forêt proche de Beyrouth. Faute de boules, sa mère décorait l'arbre avec des mandarines fraîches, des friandises et des noix et l'illuminaient avec de vraies bougies. «Tout le monde ne faisait pas un arbre, précise Alice. Par contre, la crèche trônait dans toutes les maisons.»
Le blé de Noël
«Dans chaque maison libanaise, raconte Jalilé, on plantait au début du mois de décembre, le blé de Noël. Une tradition qui se perpétue aujourd'hui. Sur du coton imbibé d'eau, on disposait du blé, des lentilles et des pois chiches. Quelques jours plus tard, les premières pousses vertes paraissaient, symbole de la naissance, de la vie. À Noël, elles étaient placées près de la crèche.»
Un geste pour les pauvres
À la veille de Noël, les familles aisées remplissaient des sacs de friandises et de fruits secs. Les enfants les déposaient discrètement devant la porte des maisons des veuves, des vieux ou de pauvres gens. Un geste pour dire: «Nous pensons à vous.»
Faire la paix
Noël était le moment rêvé pour faire la paix. Les personnes qui ne se parlaient pas, les familles en dispute, étaient appelées à oublier leurs querelles et à célébrer ensemble la messe de minuit. Le prêtre de la paroisse, ou une personne sage et respectée, servait d'intermédiaire.
Allumer des étoiles
Le 24 décembre, dans les villages, les habitants se rassemblaient devant l'église même quand il neigeait. Ils allumaient un grand feu de bois qu'ils remuaient avec de longs bâtons. Des étincelles s'élevaient dans le ciel, symbolisant l'étoile qui brillait le jour de la naissance du Christ.
Puis, à l'heure où il fallait sonner les cloches pour appeler les fidèles à la messe, les jeunes rivalisaient d'adresse. Avec une main, trois doigts, ils sonnaient la cloche au rythme de quatre temps. Le grand exploit était de passer la corde de main en main sans interrompre la cadence.
Penser aux pauvres, faire la paix, répandre la joie, n'est-ce pas aussi d'actualité ce Noël 2014?
Meghli et beignets de Noël
Comme la veillée de Noël était longue, les familles et les amis se réunissaient dans les maisons. Assis autour du feu, ils faisaient frire les beignets de Noël. Mais interdiction d'y goûter avant la messe de minuit.
À Noël, on célébrait la venue de Jésus en préparant du Meghli, comme les familles le font à la naissance d'un enfant.