Malaga, musée de street art à ciel ouvert

Cynthia Stephan | 27/01/2015

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Monde

Le street art pour panser les plaies d'un quartier longtemps à l'abandon: c'est le parti pris par la ville espagnole de Malaga, au moment où ce mouvement artistique gagne ses lettres de noblesse dans le monde.

Les immeubles s'étalant sur une zone coincée entre le port et le fleuve Guadalmedina, connue sous le nom de "terrain Heredia", ont conservé des traces de leur passé bourgeois du XIXe siècle. Mais avec le temps, ses rues sont devenues le refuge de paumés et de trafics divers, des appartements ont été délaissés puis murés pour ne pas qu'ils soient squattés.
Pourtant le quartier retrouve peu à peu des couleurs. Des espaces verts et piétons ont été aménagés, l'éclairage retravaillé, des façades repeintes.
Et pour rendre encore plus visible cette rénovation urbaine, ses artisans ont fait appel à des grands noms du street art.

L'Américain Shepard Fairey, célèbre grâce à son portrait de Barack Obama "Hope" et le Britannique D*Face, ont réalisé deux énormes fresques accueillant le visiteur à l'entrée du quartier, sur un immeuble d'une dizaine d'étages.
Sur la première, une femme en noir et blanc arbore un message pour la Paix et la liberté, tandis que la seconde montre le visage d'un pilote de chasse, style bande dessinée, pour illustrer la paix et la guerre.
Une cinquantaine d'artistes ont eu carte blanche pour s'approprier façades et rideaux en fer.
Et au printemps prochain, de nouvelles œuvres seront réalisées.

Malaga sur la carte mondiale du street art
Avec le soutien de la mairie et du Centre d'art contemporain, des expositions sont organisées, des magasins encouragés à s'installer dans le quartier renommé « Soho », un clin d'œil à New York. Le résultat est à la hauteur des espérances : trente-quatre commerces ont été ouverts ou rénovés depuis juillet 2013, date de lancement du projet.
Débusquer les artistes n'a pas été facile, raconte le directeur du musée. Même si cet art urbain a gagné en visibilité et en respectabilité, ses acteurs sont encore souvent clandestins, travaillant sans autorisation et jaloux de leur anonymat.
Finalement une cinquantaine, Espagnols et étrangers, ont répondu présent dont le Chinois DalEast, le Belge Roa ou encore l'Espagnol Dadi Dreucol.
Pour ce dernier, natif de Malaga, âgé de 26 ans et dessinant dans la rue depuis l'âge de 12 ans, participer à cette aventure a représenté un formidable coup de pub. Cela lui a permis de décrocher une bourse pour aller travailler dans une galerie à Cologne pendant trois mois.
Avec ses graffitis, peintures murales, trompe l'œil, pochoirs et stickers, le street art connaît un succès croissant grâce à Internet. Ses artistes sortent l'art des galeries pour l'afficher dans la rue et toucher directement le grand public. Avant, les gens devaient se rendre où la peinture murale se trouvait. Aujourd'hui, on peint dans la rue, quelqu'un fait une photo et une seconde plus tard, elle est visible au Japon.

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