Richesses archéologiques d’Enfé la marine

Patricia ANTAKI-MASSON | 23/10/2015

Patrimoine

Liban

Au gré de la brise marine, laissez-vous guider à la découverte de la ville côtière d'Enfé et plongez au cœur de son fascinant passé.

Située à 15 km au sud de Tripoli, la charmante ville d'Enfé n'a pas fini de dévoiler ses secrets. En effet, les fouilles qui y ont lieu ne cessent de révéler de nouveaux pans de son histoire. Occupée depuis la préhistoire, c'est sous le nom d'Ampi qu'elle est connue dès le deuxième millénaire avant notre ère, et qu'elle est alors réputée pour son port et sa flotte. Au détour de ses venelles, partez à la découverte de ses vestiges, témoins émouvants de son passé antique, médiéval et ottoman.

Des grottes habitées
De nombreuses cavités ponctuent les flancs rocheux de la ville. Occupées à diverses périodes et ce depuis la préhistoire, elles continuent d'accueillir quelques familles. L'une d'elles a été transformée par un passionné de l'histoire d'Enfé, Gergi Sassine, en une véritable grotte d'Ali Baba regorgeant d'une multitude objets aussi variés qu'intéressants.

D'antiques pressoirs à huile
Sur le promontoire sont disséminés d'antiques pressoirs à huile judicieusement aménagés dans la roche. On peut encore y observer leurs différentes composantes en pierre: contre-poids des leviers, cuves et bassins.

Un château dans la mer
Bâti à l'origine sur une langue de terre de 400 mètres de long et 120m de large, le château qui fut édifié au XIIe siècle lors des Croisades, a presque complètement disparu. En vous promenant sur le promontoire, ouvrez l'œil pour identifier les restes des murs toujours imposants, et surtout les deux fossés qui défendaient son accès, ainsi que l'aiguille de pierre qui supportait le pont qui permettait d'y entrer.

Un monastère pour garder la côte
Deir Saydet el-Natour, ou monastère Notre-Dame de la Garde, se dresse tel un gardien parmi les salines. Ses portes sont grandes ouvertes pour vous révéler un ensemble architectural d'époque ottomane, sans cesse restauré grâce aux efforts de la Mère Supérieure.

Sainte-Catherine, trace des Croisés
Une façade de conception typiquement occidentale avec sa grande rosace, ses deux archères et sa porte aux belles moulures, voilà ce qui attire d'emblée le regard dans cette église franque du XIIe siècle. En prime, un objet insolite se laisse découvrir sur le mur sud. Il s'agit d'un cadran solaire tout simple composé de quelques lignes et à l'origine muni d'un bâton qui indiquait aux fidèles les heures de prière.

Une chapelle pour la Vierge des Vents
Une modeste chapelle consacrée à Saydet el-Rih, ou Notre-Dame du Vent, conserve encore des peintures murales médiévales qui viennent d'être restaurées. Les fouilles de sauvetage qui y ont été menées ont révélé une occupation bien plus ancienne, faisant remonter le site à plus de 4000 ans!

Des vases pour la prière
Une curiosité est à découvrir dans la chapelle double dédiée à Saint Siméon et à l'archange Michel. Elle se trouve au plafond de la chapelle nord. En levant les yeux, vous apercevrez une voûte constellée de trous circulaires contenant des poteries. Il s'agit de vases acoustiques placés à cet endroit, sans doute au XVIIe s., pour améliorer le son des chants et des prières.

Trésors sous-marins
Les fonds marins recèlent aussi des trésors non négligeables. Les fouilleurs sous-marins y ont trouvé des traces des anciennes épaves qui s'y sont échouées, des ancres en pierre et des amphores qui servaient à transporter l'huile et les graines.

L'or blanc des salines
L'extraction de sel marin a longtemps été une activité majeure d'Enfé. En témoignent les multiples salines qui tapissent la côte. Les pittoresques moulins à vent qui permettaient de pomper l'eau ont aujourd'hui presque tous disparu. De nouveaux et louables efforts sont actuellement menés pour faire revivre cette tradition plus que millénaire.

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