Depuis la nuit des temps, hommes, femmes et enfants aiment à se parer de toutes sortes d'ornements corporels, par souci de plaire ou pour marquer leur statut social. Depuis le troisième millénaire avant notre ère, on retrouve dans presque tous les sites fouillés au Liban divers éléments de parure. Ces bijoux, souvent admirablement façonnés selon des techniques variées, sont composés d'une multitude de matériaux comme l'os, le verre, le métal, mais aussi les pierres semi-précieuses ou précieuses, souvent importées d'autres contrées.
Colliers, torques et pectoraux
C'est dans des dépôts d'offrandes des temples et dans les tombes royales de Byblos des IIIe et IIe millénaires avant notre ère qu'ont été déterrées quelques-unes de nos plus belles pièces de parure, dont plusieurs en provenance de l'Égypte pharaonique. Parmi celles-ci, de beaux colliers sont exposés au Musée national. L'un est constitué de plusieurs rangées de perles en faïence, d'autres de perles en cornaline rouge et de crystal de roche d'une belle transparence. Des perles de lapis-lazuli importées d'Afghanistan décorent un collier trouvé dans la Békaa, sur le site cananéen de Kamd el-Loz. Une nécropole perse du Ve siècle av. J.-C., Mgharet Tabloun, à Saïda, a livré une multitude de bijoux dont des colliers formés de pierres aussi variées que l'agate, la stéatite, la cornaline et la turquoise montées sur des fils d'or. D'une richesse et d'une technique remarquables, dénotant l'habileté des orfèvres, sont également les colliers en or de l'époque mamelouke trouvés à Beyrouth. Ils allient des modèles géométriques et figuratifs à une belle calligraphie cursive. On peut y lire: «Gloire perpétuelle et prospérité à son propriétaire».
Un autre type de collier est le pectoral qui se porte sur la poitrine, protégeant, symboliquement, le cœur et les poumons. C'est de l'époque cananéenne de Byblos que nous parviennent de tels ornements magnifiques, de style typiquement égyptien, en or et en pierres semi-précieuses.
Des alentours de 2000 av. J.-C., date un collier particulier, le torque, en bronze ou en argent, formé d'une seule pièce coulée dans un moule. Le nombre impressionnant d'une soixantaine de torques a été découvert dans des dépôts d'offrandes à Byblos. D'autres proviennent de Tell Sougha dans la Békaa Nord, ainsi que de Jezzine.
Autour des bras, les bracelets
De même que les colliers, les bracelets font partie des ornements les plus fréquents. Formés généralement d'une enfilade de pierres semi-précieuses, ils sont munis parfois d'amulettes, censées assurer une protection à celui qui les porte. Parmi les plus belles pièces du Musée national, il faut s'attarder sur cet admirable bracelet en or serti d'un scarabée taillé dans une améthyste violette trouvée dans une tombe royale de Byblos. Les bracelets étaient surtout portés autour des bras et non des poignets, ainsi qu'on peut le constater sur l'avant-bras faisant partie à l'origine d'une statue de Jupiter qui ornait un temple romain de Beyrouth. On peut y admirer douze bracelets dont certains sont décorés avec des serpents, symbole d'immortalité, d'autres avec des têtes de lion.
Des parures pour les oreilles
Bien plus rares dans nos musées sont les boucles d'oreilles, car elles sont plus petites et plus fragiles, mais aussi car elles étaient moins courantes. De beaux exemplaires sont néanmoins exposés au Musée national. Des anneaux en or proviennent de la nécropole perse de Saïda, d'autres en or et en verre de Tyr la romaine. D'autres encore, toujours en or, parfois à pendeloques, font partie d'un magnifique trésor d'orfèvrerie comptant une quarantaine de pièces qui avaient été enfouies dans une jarre dans une villa byzantine de Beyrouth.
Des bagues aux rôles différents
Quoique moins nombreuses que les colliers et les bracelets, les bagues existent aussi à toutes les périodes. De la ville cananéenne de Byblos proviennent de nombreuses bagues en or serties de scarabées et de pierres précieuses. Celles-ci sont parfois finement gravées de décors figurant des personnages, des animaux ou des objets. De telles intailles peuvent être admirées au musée de l'AUB qui en possède une magnifique collection. Certaines bagues incrustées d'un symbole ou d'un sceau personnel étaient utilisées pour authentifier et sceller la correspondance, telles celles munies de pierres en forme de scarabées qui pouvaient pivoter sur le verso pour servir de cachet, ou celle d'un fonctionnaire de Byblos en or et améthyste comportant une inscription hiéroglyphique. On prêtait à d'autres bagues des vertus protectrices, comme pour cette bague romaine de Tyr gravée d'une inscription grecque: «Porte-toi bien Clémation».
Une spécialité phénicienne: la pâte de verre
Les Phéniciens ont excellé, entre autres, dans l'emploi de la pâte de verre polychrome pour la fabrication de perles et de pendentifs. Outre les perles sphériques et les petits tubes fuselés qui agrémentaient les colliers, les sujets les plus représentés sont des têtes d'hommes avec cheveux et barbes ainsi que des têtes de femmes à cheveux torsadés.
Une loi romaine contre l'étalage de luxe
Au cours de la deuxième guerre punique, en 215 av. J.-C., une loi fut votée, la lex Oppia, destinée à lutter contre l'étalage de luxe des Romaines aisées afin que les richesses soient plutôt destinées à la guerre. Les femmes arborant trop de bijoux devaient payer une amende. Mais une fois la guerre achevée, les femmes manifestèrent contre la loi qui fut finalement abolie.